Notule sur Jules Laforgue et le soleil
Notule sur Jules Laforgue et le soleil.
(cf Complainte des condoléances au soleil in Les Complaintes et les premiers poèmes, Poésie/Gallimard, p.115).
Le poète devant le soleil. Le poète adverbial :
Décidément, bien don Quichotte, et pas peu sale,
Le poète devant le mot soleil pense à l'Espagne, à l'or de l'Espagne et à la grande, et haute, et pitoyable fierté de don Quichotte. La litote ironique s'impose alors : "et pas peu sale".
Soleil d'Espagne, soleil des mouches, soleil des complaintes.
Soleil traditionnellement sacré aussi auquel Jules Laforgue, poète adverbial et maugréant s'attaque :
(...) fais-tu donc autre chose
Que chasser devant toi des dupes de leurs lits ?
Et aussi ces quatre vers qu'ici je cite et qui me font tant penser au meilleur de Guillaume Apollinaire :
NOCTURNE
Je songe au vieux soleil un jour agonisant,
Je halète, j'ai peur, pressant du doigt ma tempe,
En face, pourtant trois jeunes filles, causant,
Brodent à la clarté paisible de la lampe.
(Jules Laforgue, op. cit., p. 270)
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 octobre 2005