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BLOG LITTERAIRE
19 décembre 2005

L'INSTALLATION DU NAZISME

L'INSTALLATION DU NAZISME

Voici un document intéressant qui permet d'introduire un cours sur la  montée du nazisme dans les années 30 en Allemagne :

    "Nos parents se plaignaient sans cesse de l'appauvrissement croissant de l'Allemagne.
      Nous entendions toujours les adultes parler de tel ou tel de leurs amis qui avait perdu son emploi et qui ne savait plus comment faire vivre sa famille. On comptait à la fin 6 millions de chômeurs. Mes parents imputaient cela aux réparations que l'Allemagne devait payer à ses anciens adversaires, ainsi qu'à la perte des zones industrielles allemandes. On ne parlait pas des conséquences de la grande dépression qui était ressentie partout ; tous nos maux venaient du "désastre national de Versailles".
(...)
      Il me semble que ma mère lisait chaque matin dans le journal la nouvelle d'un assassinat politique. On entendait sans cesse répéter que l'une des raisons de ce triste état des choses était l'influence grandissante des juifs. (...)
       Hitler réussit à nous communiquer son fanatisme. (...) Le fanatique croit que la fin justifie les moyens. Il ne voit que le but à atteindre, et devient aveugle et sourd à tout le reste.

       Melita MASCHMANN, Ma jeunesse au service du nazisme, Souvenirs, Plon, 1977.

Eléments de commentaire :

Ce texte permet d'introduire des notions utiles pour comprendre comment le parti nazi a pu arriver légalement au pouvoir : la montée du paupérisme comme conséquence de la crise économique mondiale qui a débuté en 1929 (cf "la grande dépression") aux Etats-Unis et qui, par le jeu des mécanismes bancaires, a causé de lourds dommages aux économies partenaires des USA (Angleterre, Allemagne).
Remarque: la France a beaucoup moins souffert que les pays anglo-saxons pour la simple raison qu'elle était alors et avant tout un pays agricole n'ayant donc pas encore besoin d'investissements étrangers massifs comme le nécessitaient les politiques industrielles de l'Angleterre et de l'Allemagne.

Cependant, on peut noter que, selon Melita Maschmann, les Allemands "imputaient"  surtout ce paupérisme endémique au diktat de Versailles (cf "le désastre national de Versailles"), c'est-à-dire aux conditions drastiques des traités de paix d'après la Première Guerre Mondiale qui prévoyaient effectivement de lourdes réparations à payer, l'occupation de la Ruhr (alors le principal bassin industriel allemand), le désarmement de la nation.

Dans la seconde partie de ce texte, il est plus précisément question du nazisme qui est abordé ici sous l'angle des "assassinats politiques" et de l'antisémitisme qui était alors un trait idéologique courant en Europe. Melita Maschmann suggère ici que les Allemands considéraient que l'instabilité politique et l'insécurité montante étaient dus aux juifs considérés comme trop influents (cf "On entendait sans cesse répéter que l'une des raisons de ce triste état de choses était l'influence grandissante des juifs".) Elle suggère aussi que ce discours récurrent était amplifié par le parti nazi qui a donc basé sa propagande non seulement sur le réveil de la nation allemande face au diktat de Versailles, mais aussi sur une idée simple et très répandue : les juifs sont trop nombreux et trop puissants.

Ainsi arrive-t-elle à la conclusion que l'Allemagne est devenue alors un pays fanatisé par le parti d'Adolf Hitler. En définissant le "fanatique" comme quelqu'un pour qui "la fin justifie les moyens" et qui donc évacue toute morale si cette morale contredit ses objectifs, Melita Maschmann énonce alors le principe fondateur du troisième Reich : la fin de la démocratie et le naufrage de l'éthique.
Nous pouvons donc penser que, dès les années 30,  consciemment ou inconsciemment, certains idéologues préparaient la population allemande à l'idée de "la solution finale", au génocide du peuple juif.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 décembre 2005

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Commentaires
O
Le plus grave c'est que plein de "braves gens" croyaient à tout ça! Comme pour el communisme, étrange doctrine qui nous a fait voir un tas de types chaleureux, humanistes, marrants, sympas soutenir des massacres!!! Et les nier! Pour moi, cela reste un grand mystère! On a tous connu des cocos sympa, camembert-vin rouge, le coeur sur la main et qui croyaient dur comme fer à la grande générosité de Staline!!!<br /> L'être humain est certes plus grand par ses faiblesses et ses ambiguïtés que par ses certitudes...
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