A PROPOS DU CPE (Contrat Première Embauche)
A PROPOS DU CONTRAT PREMIERE EMBAUCHE (CPE)
La semaine s'annonce houleuse pour l'actuel gouvernement français qui doit faire face à une opposition d'une partie de l'opinion publique au dispositif du Contrat Première Embauche.
Le CPE, parce qu'il prévoit une période d'essai longue (2 ans), mécontente et inquiète les syndicats et les jeunes demandeurs d'emploi qui voient là l'occasion rêvée pour les entreprises d'embaucher des jeunes gens peu qualifiés corvéables et malléables à merci que les employeurs pourront licencier du jour au lendemain sans d'autre justification que leur intérêt économique à court terme.
Beaucoup pensent que, de toute façon, face à la montée en puissance de la concurrence asiatique, l'économie française n'a pas le choix et que le dispositif du CDI (Contrat à Durée Indéterminée) est, à plus ou moins long terme, condamné.
D'autres pensent que, même si les jeux sont faits, il est nécessaire de se battre et de manifester son mécontentement afin de ne pas tout à fait se laisser manger tout crus. Personnellement, je suis de ceux-là. Je ne me fais pas d'illusions : l'Asie représente actuellement 60% de la population du globe et la Chine est désormais quatrième puissance mondiale devant la Grande-Bretagne (5ème) et la France (6ème) ; aussi sûrement que deux et deux font quatre, les multinationales asiatiques vont racheter des pans entiers de notre économie et, à terme, imposer leurs points de vue, leurs méthodes de travail et de gestion du personnel. C'est couru. Mais laisser faire sans rien dire serait pour moi "collaborer" avec la concurrence.
L'un des arguments les plus intéressants en faveur du CPE concerne la précarité actuelle de l'emploi des jeunes. Effectivement, 23% des jeunes de moins de 26 ans sont demandeurs d'emploi sans compter les étudiants (dont beaucoup travaillent pour des diplômes à valeur marchande très relative), les stagiaires, les contractuels et autres vacataires dont le statut est pour le moins précaire.
Il semble que la France soit la seule dans l'Europe des pays développés à connaître une telle situation.
D'où le refrain : une période d'essai de deux ans vaut mieux que des missions d'intérim, des stages ou des formations plus ou moins bidons (je veux pas balancer, mais beaucoup savent que certains organismes de formation se sont spécialisés dans l'occupationnel).
Certes.
Mais la question est de savoir comment on a pu en arriver là : de fait, tout semble se passer comme si le monde économique ne trouvait pas de jeunes assez bien formés pour faire face au renouvellement des générations. Le CPE serait ainsi une période de formation déguisée.
Du coup, et ce que j'écris ne va pas plaire (mais je m'en tamponne, comme je l'ai déjà dit, le coquillard avec une patte d'Inspecteur Général des cours qui ne servent à rien), on peut se demander à quoi ont pu bien servir ces dernières années les Lycées Professionnels : à monter des projets culturels plus ou moins tape-à-l'oeil (avec l'argent des contribuables) ou à former des gens à un métier, à occuper des élèves avec des cours sur la poésie, le roman, le théâtre, les conditions de vie dans le Grand Nord, l'anglais à l'usage des télétubbies ou à préparer des jeunes gens à occuper un poste de travail.
Franchement, j'ai bien l'impression que le Contrat Première Embauche est une conséquence de l'inefficacité des établissements dits "professionnels".
Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 5 février 2006