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BLOG LITTERAIRE
12 juin 2006

NOTE SUR AUSTERLITZ

NOTE SUR AUSTERLITZ

Comme je l'ai écrit dans un article sur la fonction sociale de l'armée, on doit à Napoléon une organisation des Lycées d'Etat qui participa à l'excellence du système éducatif français jusqu'à ce début de XXIème siècle.
D'une manière générale, Napoléon fit beaucoup pour la formation des élites.
Il n'avait sans aucun doute pas oublié que c'est aussi grâce à une solide formation que lui, petit Corse pauvre et méprisé, avait pu devenir Empereur des Français.
Napoléon avait donc parfaitement compris à quoi servait réellement l'école.

Hier soir, dimanche 11 juin 2006, Arte a diffusé un très intéressant documentaire sur la bataille d'Austerlitz.
Très instructif, ce documentaire qui retrace chaque phase de la bataille.
Le génie militaire de Napoléon y est à son apogée.
Il a tout prévu, tout calculé, le Petit Caporal, a choisi lui-même le terrain sur lequel il allait battre ses ennemis, a pris le soin d'effectuer lui-même quantité de reconnaissances, - on dit que ses aides de camp s'endormaient sur leurs chevaux tant la fréquence de ces reconnaissances était grande - jusqu'à connaître chaque dénivellation de terrain, chaque côte, les différentes natures du sol, les chemins et les routes sur lesquels allaient manoeuvrer les troupes.
Le premier coup de génie de cette bataille réside dans le fait que Napoléon a réussi à faire croire au commandement russe que ses troupes étaient dispersées et ne tenaient qu'imparfaitement certaines positions clés.
Le Tsar Alexandre 1er, venu en personne pour en finir avec l'Ogre, va tomber dans le piège. Persuadé que la Grande Armée est désorganisée et comptant sur la supériorité numérique de ses forces, il va avancer ses troupes jusqu'à occuper l'exact emplacement voulu par Napoléon.
Il est vrai que cet endroit lui était offert comme sur un plateau, en l'occurrence le plateau de Pratzen.
Théoriquement, dans une bataille rangée, il est impossible de prendre d'assaut un plateau.
C'est pourtant ce que va faire Napoléon.
Stratège de génie, Napoléon va montrer aussi son habileté tactique.
Au matin de ce 2 décembre 1805, le champ de bataille est recouvert par le brouillard.
Napoléon décide alors de faire avancer le plus silencieusement possible le centre de son armée jusqu'au pied du plateau de Pratzen.
Il sait qu'il faut une vingtaine de minutes pour en atteindre le sommet.
L'assaut est prévu à 7 heures 30.
Les Russes croient que l'ennemi est loin et de toute façon occupé à regrouper ses unités dispersées.
L'effet de surprise est donc total lorsque, le brouillard se dissipant, les troupes françaises donnent l'assaut en faisant le plus de bruit possible.
On raconte que toutes les fanfares se mirent à jouer les chants de leurs compagnies respectives de manière à pouvoir être identifiées dans les brumes.
Sur le plateau, les fanfares russes et autrichiennes en firent autant.
C'est donc dans une polyphonie insensée que Français, Russes et Autrichiens s'étripèrent.

Le second coup de génie de cette bataille fut d'avoir réussi à focaliser pendant plusieurs heures l'attention d'à peu près 40 000 soldats russes et autrichiens sur deux villages  occupés par à peine quelques milliers de français, les régiments de Davout, par ailleurs éreintés par deux jours et une nuit de marche forcée et arrivés sur le champ de bataille pour immédiatement s'y battre.
Lorsque Russes et Autrichiens comprennent qu'il s'agit là d'un leurre et que le sort de la bataille ne dépend pas de ces deux villages mais de la prise du plateau de Pratzen, il est trop tard : les régiments sont disloqués, les divisions évanouies et les hommes fuient le plateau de Pratzen sur lequel la pression française se fait de plus en plus forte.

On sait la suite : par de rapides mouvements de ses régiments, Napoléon oblige les troupes adverses à emprunter la seule voie possible, celle d'étangs gelés dont la glace va craquer sous le poids de ces milliers d'hommes et de chevaux paniqués.

Il est curieux de constater que chaque année, des milliers d'Européens se réunissent pour reconstituer en costumes cette bataille d'Austerlitz. Quelle drôle de pièce ils jouent là ! Comme s'il ne s'agissait pas  seulement d'une bataille rangée, terriblement meurtrière comme toutes les batailles rangées où les lignes de soldats s'enfoncent une à une dans un brasier qui les dévore , mais aussi d'une sorte d'oeuvre de l'esprit.
Une création.

C'est tout de même pénible à dire.

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