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BLOG LITTERAIRE
25 avril 2007

IRONIE POLITIQUE

IRONIE POLITIQUE

Au moment où j'écris ces lignes, personne ne peut dire si la France va rester à droite, et s'orienter dans une voie (celle de Nicolas Sarkozy) plus libérale encore, atlantiste (c'est-à-dire que l'on va laisser faire aux Américains ce qu'ils font déjà : ce qu'ils veulent), avec un côté bonapartiste dû à la personnalité quelque peu autoritaire parfois, semble-t-il, de l'actuel champion de la majorité présidentielle ; ou si, au contraire, les Français vont choisir le calme trompeur des mots qui endorment, des formules que tout le monde comprend, des promesses que l'on ne pourra tenir que par de récurrentes augmentations d'impôts dont les riches se fichent (la Suisse et le Luxembourg ne sont pas faits pour les pauvres), que les plus pauvres ne pourront pas payer, et qui incomberont donc (une fois de plus) aux salariés des classes moyennes, lesquels, pour beaucoup d'entre eux, ne se font guère d'illusions sur l'avenir de leur pouvoir d'achat, mais, étant les plus gentils du monde, votent tout de même à gauche dans l'espoir que le parti socialiste maintiendra, - et créera même -, le plus de postes possibles dans le secteur public.

Personne ne peut dire de quel côté, d'ici le 6 mai, le coeur des Français battra.

Cependant, il est peut-être quelque chose d'infiniment ironique dans cette campagne présidentielle : c'est qu'il est possible que ce soit un homme dit de la "seconde génération", un fils d'une famille originaire du Maghreb, un de ces enfants pauvres des écoles de la République, qui "a réussi", comme on dit, il est possible que ce soit le désormais centriste Azouz Begag (ex-ministre délégué à la Promotion de l'Egalité des Chances, parrainé par Dominique de Villepin, puis, depuis les émeutes de novembre 2005, en conflit larvé, et maintenant ouvert, avec Nicolas Sarkozy), qui, parce qu'il vient de publier un livre-témoignage sur son expérience ministérielle (Le Mouton noir dans la baignoire, Ed. Fayard) ; qui, parce qu'il apparaît éminemment sympathique ; qui, parce qu'il semble vouloir parler franc et clair ; qui, parce qu'il raconte ce dont nous nous doutions déjà : que beaucoup de gens de droite peuvent être méchants, vexants, arrogants, méprisants, voire menaçants (ne dit-on pas un peu partout que Nicolas Sarkozy aurait quelque jour menacé verbalement Azouz Begag de lui "casser la gueule" ?) ; qui, donc, parce qu'il attaque Sarkozy sur son point faible (son impulsivité), risque de faire basculer le choix des Français à gauche plutôt qu'à droite.

On pourra dire alors que c'est une mauvaise candidate (Ségolène Royal) qui aura été élue pour de bonnes raisons (le refus de l'impulsivité sarkozyenne).

Ce qui m'amuse, dans cette histoire, c'est l'hypocrisie avec laquelle on feint de s'indigner de tel ou tel comportement qui serait caractéristique d'une certaine droite.
Tout d'abord, je dis bien "une certaine droite" car, comme il y a plusieurs gauches (la prolétarienne et la caviar, sans compter la chrétienne et la libre-penseuse), il y a aussi plusieurs droites, et l'on ne peut comparer le très cultivé, policé et subtil Dominique de Villepin (qui fut d'ailleurs, en d'autres temps, un Ministre des Affaires Etrangères fort apprécié) au nerveux, trop en gueule, et parfois très médiocre (ah ! cet entretien Nicolas Sarkozy / Michel Onfray pour Philosophie Magazine,
c'est Homer Simpson débattant avec Alain Minc !)
Non, ces deux mondes là, celui de la tradition française, de la diplomatie, du prestige, voire du panache, des Belles Lettres (de Villepin) et celui des affaires, des déclarations coups de poing / coups de gueule, des "m'as-tu-vu comme je suis malin et entreprenant ?" (Sarkozy) ne se fréquentent que par obligation ministérielle. Autrement, ils ne se supportent tout simplement pas.
Ensuite, parce que moi-même je suis de droite, je sais parfaitement qu'ils ne faut pas s'attendre à beaucoup de politesses de la part de gens qui, par ailleurs, passent leur vie à lutter pour imposer leur point de vue, leur personnalité, leur individualité même, dans un monde où tout est rendu public, où tout est jugé à l'aune d'une hyper-affectivité souvent hors de propos (croyez-vous que les ministres socialistes, jadis, ne s'invectivaient pas entre eux ? ; et souvenez-vous de Bernard Tapie, de son arrivisme, de sa prétention, de ses agressions verbales ; n'était-il pas "de gauche" alors ?) (1)
Les politiques de droite sont, c'est vrai, souvent durs en paroles, excessifs, souvent impulsifs (jusqu'à la gaffe, la bourde, la bêtise) ; c'est que, souvent aussi, ce sont des individualités fortes, égotistes, voire égocentriques, qui semblent parfois avoir à s'excuser de leur appartenance politique, et qui, souvent aussi, se moquent bien d'une prétendue discipline de parti. C'est ce que peut-être Azouz Begag n'a pas compris.

Non, ce qui est gênant dans cette affaire, c'est que l'on y sent un relent de xénophobie, de racisme peut-être chez certains, qui a bien dû l'attrister, le ministre qui y croyait, sans nul doute, à l'égalité des chances.
Et c'est bien pour ça qu'il y aura peut-être une grande ironie à voir le livre d'Azouz Begag (en tête des ventes actuelles, dit-on) faire basculer une partie de l'opinion centriste en faveur de Ségolène Royal et partiper à la désormais possible défaite de Nicolas Sarkozy.

Note :
(1) Il soutient maintenant Sarkozy, le Tapie ; comme c'est curieux !

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 25 avril 2007

   

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Commentaires
G
Qu'est-ce qu'un bon candidat ?????
C
Oui mais en attendant il est bien difficile de choisir entre la peste et le choléra...Quand aux familles à revenus moyens dont je fais partie, pas besoin d'être devin pour savoir que c'est elles qui vont payer. Au moins comme ça on sera tous pauvres, vive l'égalité.^^
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