"WITHOUT EYELIDS"
I can stay awake all night, if need be -
Cold as an eel, without eyelids.
(Sylvia Plath, Zoo Keeper's Wife, vers 1-2)
Je peux rester éveillée toute la nuit, si besoin est -
Aussi froide qu'une anguille, sans paupières.
(trad : Valérie Rouzeau)
On peut se demander ce que peut vouloir dire "without eyelids" ("sans paupières") ; "sans paupières", cela veut donc dire les yeux ouverts, irrémédiablement ouverts sur la réalité de la nuit, cette réalité qui nous échappe et finit toujours par nous engloutir : Mon dieu, faites que je ne souffre pas, et nous essayons alors d'échapper à cette idée que nous pouvons souffrir, que nous souffrirons sans nul doute puisque souffrir est le lot commun. (C'est bien pour ça que les humains ont inventé la religion, c'te bonne blague, pour essayer de trouver un sens à toute cette souffrance, toute cette souffrance insensée, inutile quasi, quand on y pense !).
"stay awake all night" : "rester éveillée toute la nuit" ; ah ! quelle dérision quand on y songe ! Rester éveillé toute la nuit ! Passer des nuits blanches... Voilà ce que nous faisons souvent, nous les peureux de la plume ! Nous, les ceusses qui essayons de retrouver courage en l'écriture et qui ne cessons d'affronter les figures du réel, tous ces gens qui savent comment s'y prendre alors que nous, c'est lamentablement que nous pataugeons, dans cette nuit à visage humain que l'on appelle "la vie de tous les jours"...
D'ailleurs, ces gens, nous les méprisons ; mais comme (en plus !) nous avons besoin d'eux, alors...
Ceci dit, elle s'est suicidée, Sylvia Plath, la poétesse que nous admirons : comme quoi, ça suffit sans doute pas de passer des nuits "without eyelids", "sans paupières". Faut croire, le réel, le vilain et très tenace réel, il est plus fort que nous autres, les plumitifs !
No passaran quand même !
Quant à Sarkozy (Nicolas), il passera sans doute le second tour ; je l'aimais bien, le Nicolas, pour son courage et son originalité ; mais, maintenant, faut dire, plus il se rapproche du trône, moins il a l'air franc ! Qu'il ait engueulé Azouz Begag au téléphone, le menaçant de lui "casser la gueule", franchement, je m'en fous ; au contraire, je trouve que vaut mieux ça, - une bonne engueulade -, que de basses manoeuvres (genre "Affaire Clearstream" and co), mais qu'il se donne l'air maintenant de pas y toucher, genre Edouard Balladur ("mais, comment, chère Madame, vous n'y pensez pas..."), eh bien, c'est drôle, mais ça me laisse un drôle de goût dans la bouche...
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 avril 2007