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BLOG LITTERAIRE
3 novembre 2007

MORTEL

MORTEL

"If I pay the roots of the heather
  Too close attention, they will invite me
  To whiten my bones among them."
  (Sylvia Plath, Wuthering heights in Crossing the water)

"Si j'accorde aux racines de la bruyère (1)
  Une trop grande attention, elles (2) finiront par m'inviter
  A blanchir mes os (3) parmi elles (2)."
  (traduction : Valérie Rouzeau in Sylvia Plath Arbres d'hiver précédé de La Traversée, Poésie/Gallimard, p.30-31)

(1) Ce qui reste ; ce qui, dit-on, passerait la catastrophe atomique si elle se produisait. Bruyère sur la terre où passent hommes et animaux. Sur la terre, en Europe, on y mange aussi du gruyère. Je dis cela pour la rime, bien sûr.

(2) Dans la traduction française, la répétition du pronom "elles" au début et à la fin de cette partie de la phrase ("elles finiront par m'inviter / A blanchir mes os parmi elles") semble doter ces "racines de la bruyère" d'une puissance certaine : "elles" semblent être considérées ici comme des instigatrices des ténèbres, qui tendent des pièges mortels au contemplatif passant.

(3) Les os sont voués à "blanchir", dit-on. La nuit de la terre est ainsi pleine de blancs ossements. Quelle image de vignette macabre, de bande dessinée en noir et blanc, de livre pour nuit blanche et café noir ! J'ai vu hier soir un épisode des Simpson  parodiant Le Corbeau d'Edgar Allan Poe. Très fendard, comme d'hab'. Au moment où Lisa Simpson, lisant l'histoire en arrive au fameux "Jamais plus" ("Nevermore"), Bart lui coupe la parole pour substituer au cri terrible du corbeau un "Vas t'faire shampouiner !" inattendu mais tellement probable que c'en est une consolation ! Il y a aussi la "Danse macabre", cette théorie de squelettes tout blancs qui dansent dans la nuit des fougères au son des timbales et des xylophones et autres vibraphones très cliquetants. Et le Mexique avec ses têtes de morts et tout funèbre du carnaval ! Et Michel de Ghelderode qui voulut mettre la Mort en scène, sans doute ! C'est qu'ils sont ce que nous seront, les osses tout blancs qui s'éparpillent sur la terre ! C'est qu'ils sont ce que nous sommes déjà un peu, si vivants et tellement tributaires de tout, et si prévisibles que ça en devient mortel, comme l'ennui.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 novembre 2007

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