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BLOG LITTERAIRE
25 janvier 2008

CECI-CELA

CECI-CELA

"Le "ceci" démonstratif ne peut jamais se trouver sans l'objet désigné. On pourrait dire : Tant qu'il y a un Ceci, le mot "ceci" garde sa signification, que ceci soit simple ou complexe. - Mais voilà qui ne suffit pas à faire de ce mot un nom. Au contraire : car un nom n'est pas utilisé avec le geste démonstratif, mais seulement expliqué par ce geste." (Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus suivi de Investigations philosophiques, Traduit par Pierre Klossowski, Gallimard, Collection Tel, 1997, p.136, item 45).

Il y a "ceci" qui montre un objet spécifique. Il y a donc un objet à montrer.
Il y a un "Ceci" qui montre qu'il y a quelque chose : l'étant. L'étant est ainsi montré par le langage.
Le nom de l'objet montré, le signifiant, par l'ensemble des relations qu'il entretient avec tous les autres signes de la langue, porte en lui ce démonstratif. Il lui est potentiel.
L'étant, du fait de sa persistance à être, porte en lui le "Ceci" qui le montre. Il lui est inhérent.
Autrement dit, la monstration vaut démonstration. Le "nom de l'être" indique l'être, le révèle en lui donnant ce nom ("Ceci qui est" c'est-à-dire l'étant) et, le nommant, il le met à l'épreuve de la langue, et le prouve.
Ainsi, l'étant est parce qu'il est nommé, cependant qu'il reste en dehors de toute détermination, de toute spécification, de toute entrée dans l'Encyclopédie (hormis les considérations portant sur l'histoire des idées). Il est, non seulement par la description de son mode (l'étant, participe présent tendant vers l'infini), mais parce qu'il peut être signalé, montré, démontré.

"Pourquoi l'étant plutôt que rien ?"
Parce que toujours l'étant échappe à nos investigations ; qu'il ne se trouve pas au bout d'une quête, pas plus qu'au détour du chemin, mais qu'il est cependant dans le "Ceci" - ou le "Cela"- qui nous révèle à l'être.

Que l'on remplace ici l'étant par le nom de Dieu et l'on aura matière à quelque article de théologie bien propre à ébahir le lecteur assez découragé en ceci, qu'il se demande encore à quoi ça sert, nom d'une pipe de Magritte, ce genre de tarabiscotologies ?
"A rien !"
répondrons-nous avec assurance et en mettant un point d'exclamation.
Il fallait que cela fût dit.

Post-Scriptum : On peut, si on veut s'amuser, remplacer l'étant par x. Ce qui n'est pas sans poser problème :
Que signifie, en effet, l'énoncé : "Voici x", x étant par définition indéterminé ? (1)
Grammaticalement, l'énoncé est possible. x est donc, comme Dieu et comme l'étant, soumis aux potentialités de l'énonciation. Nous pouvons donc considérer que x est, non seulement spécifiquement, - le casse-tête du lycéen nul en maths -, mais aussi parce qu'il peut être inventé, chargé de tous les x potentiels.
La condition de x est donc son invention.
La condition de Dieu est sa révélation.
La condition de l'étant est sa nomination.
Il n'en reste pas moins qu'il y a condition.
Cela aussi, il fallait que ce fût dit.

(1) Il est à noter que les énoncés de mathématiques utlisent l'expression "étant donné x", qui a le mérite de ne pas montrer un x qui n'a pas encore été trouvé, en disant cependant clairement qu'il y a x, dont l'invention permet de poser problème et donc de mettre en oeuvre cette condition de l'homme qu'est la pensée.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 25 janvier 2008

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Commentaires
N
Ceci est le ciel suspendu, mais après l'orage, tout ceci ne vous regarde plus. Ceci étant dit, je n'imagine pas être un non-sens , ni une soudaine invention tutélaire. Pourtant si j'étais ce nom plein d'étangs, je ne me laisserai voir, je ne m'offrirai point aux circonstances du jour, à ceci près que les grenouilles et les puces d'eau pourraient à loisir voyager sur mon dos.
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