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BLOG LITTERAIRE
6 février 2008

MAÎTRISE

MAÎTRISE

"Lorsque Komako, d'un geste, fit vibrer son instrument pour en vérifier l'accord, la corde aiguë claqua immédiatement. Rien qu'à la voir changer la corde et en régler le ton, Shimamura put apprécier sa sûreté de main et reconnaître la musicienne." (Yasunari Kawabata, Pays de neige, traduit du japonais par Bunkichi Fujimori, texte français de Armel Guerne, Le Livre de Poche biblio n° 3015, p.85).

C'est la "sûreté de la main" qui permet ici de "reconnaître la musicienne".
Cette reconnaissance est immédiate.
Elle se fait dans l'instant, s'apparentant ainsi à une révélation.
Elle suppose une parfaite connaissance de l'instrument, et donc une pratique régulière et sans doute assez ancienne pour éviter toute hésitation.
La maîtrise est telle qu'elle peut sembler proche de la perfection.
La maîtrise est ainsi cette transcendance de l'apprentissage qui permet d'accomplir l'être d'un objet (ici, un instrument de musique).
Maîtrisant l'objet, elle est aussi maîtrise du temps.
C'est sans doute pour cela que les oeuvres qui passent les siècles furent faites de main de maître.
Les autres objets sont de nature purement historique. Leur être est figé dans une époque donnée qu'il appartient aux spécialistes de définir.
Quant aux oeuvres des Maîtres, elles continuent d'être dans l'accomplissement de l'être de ce monde.
Le geste de la musicienne, si éphémère soit-il, n'est donc pas oublié, puisqu'un romancier a pris soin de le transcrire.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 février 2008

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