DE L'ACCOMPLISSEMENT

DE L’ACCOMPLISSEMENT

« Tu n’as fait qu’augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d’une entente qui s’affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. » (René Char, J’habite une douleur in Fureur et mystère, Poésie/Gallimard, p.172)

Tu ce tu que tu emploies te met donc à distance
Comme si tu t’adressais à quelqu’un d’autre une
Ombre que tu pressens celle du lecteur attentif
Peut-être ou de toi-même que tu pressens par ce
Que tu cherches à accomplir la phrase l’énigme.

Tu es retourné c’est dire ainsi que cela ne t’est
Pas tout à fait étranger cette étrange activité à
La pêche aux murailles écris-tu avec ce sens aigu
De l’énigme qui te caractérise On peut penser que
Ce sont certains poissons que tu nommes ainsi des
Poissons couleur muraille Cela paraît incongru Il
Semble plus plausible que tu veux désigner par là
Toutes ces choses qui enclosent toutes ces choses
Qui bouchent la vue et évitent cette tentation de
L’ailleurs ou occupent assez l’esprit pour ne pas
Y penser à cette douleur ce poids de la nuit dont
Tu dis que tu n’as fait que l’augmenter intendant
Médiocre de ce que tu appelles la maison parfaite
Que tu ne verras jamais monter et qui te hante et
C’est assez ironique les vivants sont donc hantés
Par des maisons De l’autre côté c’est tout à fait
Le contraire d’après ce qu’en disent les légendes

Tu es retourné aussi à
La canicule sans été à
Cette forte chaleur si
Forte hors saison donc
Qui dépend plus de ton
Effort à bâtir que des
Rayons du soleil C’est
Que tu te donnes alors
Du cœur à l’ouvrage et
C’est sans doute aussi
Ruse de ta part que ce
Travail que tu décides
D’accomplir comme sans
Doute poète scrupuleux
Tu l’as fait de l’acte
De composer tes livres

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 février 2008