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BLOG LITTERAIRE
4 juin 2008

DE L'HYPOCRISIE DES INTEGRATIONNISTES

DE L'HYPOCRISIE DES INTEGRATIONNISTES

Cela fait longtemps que je le sais : pour beaucoup de musulmans, la jeune femme qui se marie doit être vierge.
Les jeunes musulmans le savent ; les jeunes musulmanes le savent.
Qu'ensuite, s'il apparaît que la jeune mariée a menti sur sa virginité, il me semble évident que le mari peut, à juste titre, s'estimer floué.
Dans beaucoup de pays, cela finit par la répudiation de l'épouse.
En France, récemment, le tribunal de Lille a fait annuler un mariage pour ce motif.
Cela me semble juste et, à mon avis, et d'après ce que j'en sais, le droit a été respecté.
Oui, mais c'est sans compter sans l'hypocrisie des intégrationnistes qui, se mêlant de ce qui ne les regarde pas, crient au scandale et ont exigé de la ministre de la justice, Rachida Dati, que soit fait appel de la décision du tribunal de Lille. Ce qui est choquant là-dedans, c'est que cela se fasse sans que l'on demande son avis à la jeune femme concernée, laquelle, selon son avocat, est cependant tout à fait satisfaite du jugement rendu.
Intégrationnistes, bonnes consciences de la gauche républicaine, féministes outrecuidants, de quoi vous mêlez-vous ?
Vous risquez, mes bons apôtres, de faire pire que mieux si vous empêchez la justice de juger en tenant compte des coutumes communautaires. Si elles ne vont ni contre le bien commun ni contre l'ordre public, ni contre l'intégrité physique et morale de l'individu, je ne vois pas en quoi cela vous regarde, et vous risquez fort, à l'avenir, par votre attitude hypocrite (eh oui, beaucoup de gens ne vivent pas tout à fait comme nous !) de provoquer des drames que vous ne soupçonnez pas!
En attendant, si le jugement du Tribunal de Lille est infirmé, voilà une jeune femme qui sera, contre sa volonté, plus mariée que jamais, parce que ces bonnes âmes de l'intégration laïque et républicaine auront jugé étrange qu'une fille se marie vierge !
Et que dites-vous de ces mariages annulés suite au constat d'impuissance ou d'homosexualité du mari ? Là aussi, vous êtes choqués, sans doute ! Pas moi ! Si un jeune homme vire sa cuti après le mariage, il me semble normal que sa femme puisse demander l'annulation de son union ! C'est quand même la moindre des choses que le bonhomme soit en état de marche, non ?

Post-Scriptum : De toute façon, d'un point de vue objectif, on est bien obligé de rappeler que si la cause d'un contrat est immorale, alors le contrat ne peut être considéré comme valide. Or, si l'on prend le point de vue des intégrationnistes, on considérera donc que faire de la virginité une qualité "essentielle" d'une personne est une aberration et qu'en conséquence, un contrat ne pouvant se bâtir sur une aberration, il doit donc être considéré comme nul et non avenu. C'est justement ce qu'a fait le tribunal de Lille. Sylvain Reboul, sur Agoravox (où il est d'ailleurs fait un amalgame plus que méprisable entre la décision du tribunal de Lille et les allégations de la bête féroce Fourniret au sujet de son fantasme de virginité (1)) considère qu'un divorce aurait été plus conforme à l'esprit du droit français (2) ! Erreur, cher maître, puisque, justement, le divorce aurait d'abord entériné comme valable le contrat passé entre les deux époux (le jeune homme épouse une jeune fille vierge) avant de considérer que le contrat n'ayant pas été respecté, la décision de divorce s'imposait d'elle-même. Enfin, considérons que, - cela n'est pas toujours le cas -, la justice avait rendu service aux deux personnes concernées, en les libérant rapidement d'une union qui commençait si mal (je rappelle que pour une partie de la communauté musulmane, la question de la virginité de la mariée est une question d'honneur qui rejaillit sur les parents eux-mêmes). Le tribunal de Lille leur donnait la possibilité de repartir à zéro, sans les embarras du divorce, ni arrière-pensée, mais que cette jeune femme ait pu sortir si facilement d'une situation qui heurte l'esprit prompt à condamner autrui de nos spécialistes de la philosophie du droit et autres universitaires autosatisfaits, voilà peut-être ce que l'on ne lui pardonne pas !

(1) "Tout d'abord, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec l'affaire Michel Fourniret, dont la condamnation à la prison à perpétuité incompressible a été prononcée la veille de la révélation de l'affaire de Lille. Quel rapport entre les deux affaires, me demanderez-vous ? Il est très simple : c'est le mobile allégué par Michel Fourniret comme "justification" à ses meurtres en série. En effet, "il aurait été traumatisé de découvrir que sa première femme, épousée dans les années 60, n'était pas vierge", d'où une rancœur qui, selon ses dires, est à l'origine de son parcours criminel." (docdory, Agoravox, lundi 2 juin 2008, 15 h 27) : Oui, et alors ? Où est le rapport entre un tueur en série, un ennemi du genre humain, cette bête féroce avec une peau d'homme, et deux jeunes musulmans qui avaient commencé leur vie conjugale sur un malentendu ? Sous-entendriez-vous que certaines habitudes communautaires, et en l'occurence, la virginité de la fiancée, seraient particuliérement criminogènes ?

(2) "De plus et surtout la femme avait parfaitement le droit à la liberté sexuelle avant son mariage (si tant est qu’elle ne l’ait pas après, ce qui devient aujourdhui discutable dans toutes les affaires de divorce) ; la demande du mari sur le plan du droit égalitaire et libéral est donc exorbitante ;: elle aurait donc dû logiquement entraîner une déclaration d’incompétence du tribunal et une procédure éventuelle de divorce." (Sylvain Reboul, commentaire du 4 juin 2008 sur Agoravox, 8 h 43) : Précisément, "la femme avait parfaitement le droit à la liberté sexuelle avant son mariage" et donc avait parfaitement le droit de rester vierge ! Quant à la déclaration d'incompétence du tribunal, ah je reconnais bien là la démission de certaines élites face à ce qui les dérange ! Mais si les tribunaux se déclarent incompétents quant aux affaires liées aux modes de vie communautaires, qui va dire le droit ? Les préfets aux ordres des ministres ? Les gendarmes aux ordres des préfets ? Ou alors, les professeurs de philosophie lesquels démontrent fort brillamment des vérités qui mènent tout droit à des guillotines et à des exclusions aussi terribles que celles rêvées par les brutes qu'ils prétendent combattre !

Post-Scriptum bis :
Cependant que la virginité est moins un problème de droit qu'un problème d'ontologie mal placée. La virginité est censée garantir une qualité d'être de la personne. Entre l'être encore vierge et l'être marié, il y a, - Sylvain Reboul l'a, avec raison, souligné - "le droit à la liberté sexuelle avant le mariage". Mais, à mon sens, ce n'est pas tant cette "liberté sexuelle" qu'une partie de la communauté musulmane critique, que la perte d'une garantie, celle que la future épouse "sait se tenir" en obéissant à ses parents, et, ainsi, en se respectant elle-même comme elle respecte les règles de sa communauté.
Ce sont d'ailleurs ces mêmes valeurs de respect de la tradition qui prévalent encore dans certaines familles chrétiennes et, si la perte de la virginité avant le mariage est perçue comme une nécessité pratique (il vaut mieux s'assurer que de ce côté-là, l'entente est parfaite entre les deux fiancés), bien des parents préfèrent que leur fille chérie perde son pucelage avec le garçon qu'elles vont effectivement épouser.
On peut comprendre la colère du mouvement "ni putes ni soumises" face à une décision de justice qui, en annulant un mariage pour cause de mensonge sur la virginité de l'épouse, semble justifier la pratique de la répudiation pour manquement à une règle communautaire. Pourtant, si la jeune femme a menti à son fiancé en prétendant qu'elle était vierge au moment du mariage, c'est qu'elle avait parfaitement conscience que la règle était si forte, si essentielle à la réalisation de l'union, à la validité du contrat, que sans cette virginité, il n'était pas question pour elle d'épouser le jeune homme choisi, ce jeune homme là précisément qui, étant, d'après ce qu'on dit, nouveau converti, entendait respecter à la lettre les règles de la communauté qu'il prétendait intégrer. Ce n'est donc pas pour on ne sait quel fantasme de virginité que le mari a demandé l'annulation de son union, mais parce qu'il y avait manquement à une règle de sa communauté (qu'elle soit d'adoption ou pas), et parce que cette union commençait par un mensonge, qui peut, - peut-être -, être considéré comme véniel dans la plupart des couples, mais qui, dans une partie non négligeable de la communauté musulmane, est considéré comme un manquement grave.
Qu'ils furent naïfs, les bonnes âmes de la "génération Mitterrand", qui, défilant en criant "touche pas à mon pote" et "le racisme ne passera pas", croyaient dur comme fer que les lois de la République, que la sainte raison laïque et le poids des mariages mixtes, allaient transcender coutumes et traditions communautaires pour couler dans le même moule égalitaire chacun des acteurs de notre belle France si sûre d'avoir raison, si bienveillante, si arrogante, et, en fin de compte, si méprisante pour tous ceux qui ne vivent pas tout à fait en conformité avec les principes énoncés par Voltaire, Rousseau et Philippe Meirieu.

Post-Scriptum ter :
Enfin, l'un des arguments décisifs en faveur de l'annulation de ce mariage réside dans la tendance à l'augmentation du nombre d'interventions chirurgicales de réfection de l'hymen. On lit un peu partout que, pour faire face au poids de la tradition, de plus en plus de jeunes musulmanes sont obligées (ou se sentent obligées) d'avoir recours à la réfection chirurgicale de leur hymen. Se refaisant ainsi une virginité, elles peuvent prendre un époux au sein de leur communauté et saigner lors de leur nuit de noces. Refuser d'annuler ce mariage, c'est donc implicitement encourager les jeunes musulmanes à, si besoin est, recourir, de façon plus ou moins clandestine, à la chirurgie. Pas besoin d'être grand clerc pour comprendre que mieux vaut une décision transparente rendue par une justice indépendante qu'une opération à la sauvette ! En outre, en faisant jurisprudence, l'annulation prononcée par le Tribunal de Lille renverra la balle dans le camp des époux qui, dès lors, auront à choisir entre l'acceptation de l'épouse non-vierge et la possibilité de l'annulation de leur union. A terme, il est à souhaiter que le rôle de la justice sera ainsi positif et qu'un certain nombre de musulmans modérés finiront par juger que le sort de leur couple passe avant les considérations religieuses ou morales de leur communauté. Peut-être même qu'un certain nombre de musulmans ne seraient dès lors pas loin de penser qu'il vaut mieux une compagne fiable, même si elle ne s'est pas mariée vierge, que l'hypocrisie d'une virginité refaite. Mais là, il est vrai, j'extrapole beaucoup et bien malin qui peut dire comment tournera le vent et ce que seront réellement les communautés musulmanes, juives et chrétiennes d'ici dix, vingt ou trente ans... 

Patrice Houzeau
Hondeghem, 4 et 8 juin 2008

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Commentaires
F
Parce que j'y ai réfléchi d'une part et que d'autre part, pour fréquenter pas mal de personnes de communautés différentes (j'habite Bruxelles), je sais à quel point il est dramatique de poser des mesures sans aucune appréhension et réflexion sur l' "autre" et ce qu'il est réellement. <br /> <br /> On pourrait parler, dans la même voie, des drames qui ont été causés par l'interdiction du port du voile dans les écoles, qui pourtant est une mesure qui avait un bon fond.<br /> <br /> (Mais j'en ai marre aussi, de ce faux féminisme...)
V
Vous êtes d'accord parce que vous y avez réfléchi ou parce que vous n'avez rien à y opposer?
F
Ah et bien moi, je suis amplement d'accord avec vous !<br /> <br /> Merci !
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