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BLOG LITTERAIRE
16 juillet 2008

ET PUISQUE L'ON ECRIT DE LA POESIE

ET PUISQUE L'ON ECRIT DE LA POESIE

Et puisque l'on écrit de la poésie, on finit par rencontrer des poètes.
De quoi fournir l'alambic à combiner en images.
Pour moi, j'aime à piquer au hasard des pages.
C'est ainsi que j'ai lu le recueil Regard(s) de Bénédicte LEFEUVRE (GRRR...ART Editions, 78660 Allainville aux Bois, 2008, http://grrrart.free.fr) :

"Poser pour l'éternité,
  se croire invincible."
  (Bénédicte Lefeuvre)

Ce sont là les premiers mots d'une suite de poèmes dont la principale qualité est de proposer une suite de notations qui me font considérer Bénédicte Lefeuvre comme un auteur de talent dans l'art de la brève, la fugace image. Ne goûtant guère les poèmes trop longs (je ne l'admets que chez les très grands ; ils ne sont pas si nombreux), j'apprécie que les pièces du recueil de Bénédicte Lefeuvre puissent tenir chacune l'espace d'une page. Du coup, on va à l'essentiel - ce qui est tout de même, l'essentiel, le but de la poésie -, le tout étant de définir ce que l'on entend par "essentiel".

"Le phare éteint
  n'est plus qu'une écharde
  plantée dans le doigt du ciel."
  (Bénédicte Lefeuvre)

Voici ce que, pour ma part, je tiens pour essentiel.
- Quoi ? Monsieur Houzeau, pas d'ontologie ? pas de métaphysique des moeurs, des nations et des langues ? Pas de critique acérée du fait social ?
- Non. Nulle obligation au poète d'être phénoménologue, métaphysicien, moraliste, historien, même pas linguiste, voyez-vous. Il n'est pas obligé non plus d'être un forcené de la performance, un révolté dans sa langue, un agité du bocal à rimes. Il peut, - c'est là sa prérogative -, être cet observateur des choses familières, ce preneur de notes au jour le jour, sans chercher à être autre chose que l'artisan de la phrase bien rythmée, de l'image juste, de la notation dont le lecteur aime à se souvenir.

"Blanche,
  la lune ronde,
  cachée dans l'oeil du chat,
  veille."
  (Bénédicte Lefeuvre)

Voilà, je pense, qui peut vous convaincre de la qualité du travail de Bénédicte Lefeuvre.
Pour moi, cette brève précision des vers me rappelle l'humilité de Francis Jammes et la modestie géniale de Verlaine :

"C'est des beaux yeux derrière des voiles,
  C'est le grand jour tremblant de midi,
  C'est, par un ciel d'automne attiédi,
  Le bleu fouillis des claires étoiles !"
  (Verlaine, Art poétique)

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 juillet 2008

 
 

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Commentaires
D
Moi de même, depuis que j'ai découvert Gabrielle Marquet et son stupéfiant "Plage", je me suis autorisée les petits formats. Je suis complètement séduite par la densité dans la concision, l'image imparable, lumineuse, évidente. Qui vaut tous les longs discours.<br /> <br /> "Il y a tant de lumière de lait<br /> tant de coquilles bleues vernies<br /> écartelées sur le sable.<br /> <br /> Tant de ciel carré<br /> debout sur la mer.<br /> <br /> Qu'il faut aimer<br /> sous peine de sabordage."<br /> <br /> Tout rajout serait inutile, n'est-ce pas?<br /> <br /> Amitié
N
Vous êtes de ces hommes authentiques et donc rares, Monsieur Houzeau.<br /> <br /> "Nourrice des sentiers<br /> Et des haltes<br /> La parole qui s'échange aux carrefours est un silex éclaté<br /> Une première étincelle dans les maisons du feu.<br /> Une étape vers les forges quotidiennes."<br /> Thierry Metz, "La demeure phréatique", éditions (de très belle qualité) Jacques Brémond.<br /> <br /> Amicalement
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