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BLOG LITTERAIRE
20 novembre 2008

ANT!CORPS 7

ANT!CORPS 7

Une fois tournée la mirifique couverture à féerie aux yeux fixes d'une baby doll avec félin de fantaisie sur les genoux, - il s'agit du n°56 du magazine Elegy (livraison de novembre/décembre 2008) -, on trouve une publicité pour des corsets à destination, je présume, des fétichistes et autres nostalgiques de Betty Page. Pourquoi une telle publicité dans un magazine voué à la culture gothique ?
C'est qu'il est vrai que l'iconographie gothique aime à mêler fantasque et érotisme. Ainsi, page 5 du même numéro d'Elegy, on peut contempler une photo d'art dans les tons mauves où, sur fond sans reflet de miroir, une spectrale, de type égérie pour vampire, tend un coeur sanglant au bout d'une main pâle comme le Nord et révèle un sein rond comme la pomme des paradis perdus. Du coup, voilà qu'on nous en donne dans les mirettes du "porno chic", tendance "photo d'art" et sado-masochisme virtuel, de l'"altporn" aussi peut-être (comprenez "porno alternatif" comme si ça se pouvait, ça, du "porno alternatif" alors que la pornographie, c'est jamais que de la marchandisation des corps et des esprits comparable à celle de la force de travail des ouvriers).
Bon, au centre de la page, la marque de ces corsets s'étale en rouge sang légérement baveux :

Faisant suite à la demande de retrait du logo (cf commentaires ci-dessous), j'ai donc, à mon grand regret, enlevé l'objet de ce commentaire qui n'avait d'autre but que d'amuser la galerie.

Ce qui saute aux yeux, c'est la contamination du mot par des signes utilisés pour leur charge symbolique : le point d'exclamation marque la surprise, souligne le caractère potentiellemment choquant de l'usage de tels corsets ; le "o" barré est tout autant un ensemble vide (ensemble vidé des habituelles préventions morales) qu'un panneau d'interdiction (et dont il faut donc s'affranchir si l'on veut être dans le coup), interdiction aussi de l'accès au corps défendu par de tels corsets et cependant présenté, affiché, désirable ; le chiffre 7 renvoie aux péchés capitaux ; la couleur rouge renvoie au désir passionnel mais aussi à la violence sado-maso, celle qu'implique le mot "anticorps" (1) ; les légères bavures d'encre sont là pour faire underground, mais attention, underground sous contrôle, underground pro.
Par antiphrase ("anticorsets"), la marque indique que ces corsets sont autre chose que de simples instruments de maintien du corps ; ce sont aussi des instruments de plaisir, d'abord celui des yeux (sinon pourquoi publier des photos), et aussi les instruments d'un plaisir "interdit", "coupable", celui des fétichistes voués au culte du corps contraint.

Les fétichistes, ou encore les collectionneurs de curiosités, participent  de cette marchandisation du potentiel sexuel d'une partie de la population (cette part honteuse du libéralisme économique) qui a pour but de créer des besoins plus ou moins addictifs. C'est ainsi que la vulgarité, le pseudo-chic, la contre-culture elle-même, font l'objet de la création de produits financiers, deviennent des prétextes spéculatifs et assimilent le pouvoir d'achat à cette force de travail louée par les ouvriers de la révolution industrielle, le problème étant qu'aucune marchandisation des addictions ne permet, à elle seule, une croissance destinée à perdurer, comme on le voit actuellement (2008, année noire de la mondialisation de la crise) dans ces pays dont la récente richesse ne reposait en fait que sur l'illusion des marchés, et qui sont maintenant au bord de la faillite.

(1) Le mot "anticorps" renvoyant aussi à cette fièvre du corps attaqué et qui se défend par ses propres moyens, le corps justement, le corps "culpabilisé" de l'individu, opposé ici à la pression de la morale établie, celle du corps social -, présentée implicitement comme ennemie.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 novembre 2008

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Commentaires
P
Madame,<br /> <br /> en réponse à votre intéressant droit de réponse, je vous prie de bien vouloir excuser ce que vous avez pris pour des attaques et qui ne sont qu'une simple fantaisie d'auteur. Non, je n'ai pas été choqué par votre logo, et s'il m'a intéressé, c'est que justement, j'y ai trouvé matière à spéculer et même à sur-interpréter puisque, d'après ce que je comprends, vous n'êtes pas du tout d'accord avec mes allégations et semblez considérer (à tort) que cet article est une attaque dirigée contre votre entreprise. N'étant ni "hippie", ni "fasciste", mais au contraire, étant conscient de l'enrichissement culturel constitué par la libre-entreprise (je suis plutôt libéral, savez-vous), je n'ai pas voulu nuire à votre image de marque, mais au contraire, en commentant (bien maladroitement sans doute)le logo dont vous êtes la propriétaire, lui faire une publicité.<br /> En tout état de cause, je vais donc supprimer de cet article le logo incriminé et vous remercie des éclaircissements que vous avez bien voulu apporter à la compréhension de votre travail. Je me permets simplement de rappeler qu'une interprétation ne vaut que par le jeu des connotations qui constitue la signification. Je puis bien me tromper, faire des contresens, il n'en reste pas moins vrai que, vous l'admettrez avec moi, le choix de l'excellent magazine Elegy comme support publicitaire ne pouvait qu'inciter le lecteur que je suis à s'interroger sur la présence d'une publicité pour les corsets dans une revue dont l'iconographie se pare assez souvent de noir (des ténèbres) et de rouge (du sang, de la passion, de la révolution ou de la tomate comme vous voulez)pour qu'une certaine confusion soit possible.<br /> Pour ce qui est de la crise économique, je ne visais pas votre entreprise (je ne sais rien de ses bénéfices et du reste, cela ne me regarde pas) mais une illusion générale qui consiste à substituer à l'industrie un secteur tertiaire qui, certes, est créateur d'emplois mais qui, à mon avis, ne peut à lui seul compenser l'ensemble des destructions de postes dans l'industrie. Pour ce qui est de "l'underground-pro" (je cite ici votre propre expression) je n'ai rien contre et je me doute que, comme la publicité ou la musique de divertissement, il demande beaucoup de travail. Ce n'est pas le talent que je remets ici en cause et ne fais que souligner le caractère illusoire et artificiel de certaines réalisations (vous vous êtes sentie visée, je vous détrompe ici : je pensais plutôt à la musique, hélas, je me suis mal expliqué). <br /> <br /> Merci de l'attention que vous avez bien voulu porter à cet article<br /> <br /> Cordialement,<br /> Patrice Houzeau<br /> Hondeghem, le 10 septembre 2010
S
Cher Monsieur,<br /> <br /> Etant déposante de cette marque dont vous avez sans autorisation utilisé le logo, vous comprendrez aisément que je me dois d’exercer mon droit de réponse à vos bancales affirmations.<br /> <br /> Tout d’abord, permettez-moi de rappeler ici en introduction quelques notions de droit :<br /> Anticorps 7 est une marque déposée et protégée au titre de la propriété intellectuelle.<br /> Toute reproduction, intégrale ou partielle, de la marque, est systématiquement et préalablement soumise à l’autorisation écrite des propriétaires sous peine de poursuites.<br /> Je vous demande donc expressément de retirer de votre texte ce logo qui m’appartient. Merci d’avance. <br /> <br /> Après lecture de votre blog, je crois comprendre que vous avez apparemment été choqué, et surtout que vous n’avez rien compris, c’est-à-dire que vous avez vu ce que vous vouliez bien y voir. <br /> <br /> Je reprends vos mauvaises interprétations symboliques :<br /> <br /> - rouge, selon vous couleur du sang. Effectivement je n’ai pas fait ce logo en vert ou en mauve car cela aurait été contradictoire avec le terme employé, mais je vois bien que votre ton est ici péjoratif, dans un schéma tel que gothique=sang. Piètre raccourcis. Vous parlez aussi de rouge qui renvoie « à la violence sado-maso ». J’ai beau regarder dans mon précieux dictionnaire des symboles, je n’y ai rien trouvé de tel, j’ai beau regarder les photos de mon site internet, toujours rien. <br /> <br /> - le point d’exclamation qui d’après vous « souligne le caractère potentiellement choquant de l'usage de tels corsets ». Rassurez-vous, ce n’est là qu’un vulgaire i à l’envers, et sans volonté aucune de renverser quoi que ce soit. Intéressant de voir ici que vous voudriez absolument qu’un corset soit porté pour être choquant, pour ma part je ne le considère que comme un accessoire de mode, et ne lui confère aucun des pouvoirs que vous lui prêter.<br /> <br /> - le O barré ? Vous avez cru voir l’interdiction, si chère à votre argumentation, ou encore « un ensemble vidé des habituelles préventions morales ». Supposeriez-vous ici que les personnes qui portent des corsets, et donc moi-même, n’ont pas une bonne morale ? Vous seriez surpris… Alors voici pour vous un petit rappel mathématique : le O barré est le symbole du diamètre, et c’est bien l’idée du tour de taille qui est évoquée ici, et non pas une interdiction dont il faut à tout prix « s'affranchir si l'on veut être dans le coup ». <br /> <br /> - le chiffre 7, qui ne signifie pour vous qu’un lien direct aux pêchés capitaux (ah oui, j’oubliais, gothique= pêchés capitaux dont il faut « s'affranchir si l'on veut être dans le coup »). Je n’ai aucune considération pour les religions en général il est vrai, et de par ce fait je n’utilise pas de symbole religieux. Donc que signifie ce 7 ? Juste là pour le jeu de mot, que vous avez mal interprété d’ailleurs, ce qui nous amène au point suivant.<br /> <br /> - « anticorsets » : inutile de vous citer ici car toujours les mêmes mots (interdit, coupable, fétichistes,…). C’est justement par opposition aux idées reçues que la plupart des gens ont (vous également cela va sans dire) sur les corsets. Jamais il ne vous est venu à l’esprit qu’un corset n’était pas douloureux ? Qu’il n’est pas réservé à certains publics ? La simple idée qu’une personne pourrait trouver ça beau et se préfère avec une taille marquée ne vous a pas percuté une seconde ? Je doute que vous ayez visité mon site, sinon vous auriez certainement compris…<br /> <br /> - « anticorps » suivi encore de vos mots décidément préférés : la culpabilité ! l’opposition ! Pourtant vous étiez bien parti, avec l’ idée de se défendre soi-même. Mais non, pour vous un logo un peu élaboré se transforme en pamphlet porno-anarchiste, et les corsets sont portés par des individus sans aucune morale. Renseignez-vous.<br /> <br /> - pour les bavures, je n’en vois pas. L’effet utilisé ici est plutôt comme un coup de tampon. Bref… je crois aussi que vous avez mal scanné.<br /> <br /> En marge, vous fustigez le « underground pro », qui sous-entend que la qualité n’est pas au rendez-vous, ou que ce n’est pas un vrai travail, mais en l’occurrence il s’agit là de corsets, et vous n’êtes pas sans savoir que le corset est un vêtement ultra complexe qui demande des heures de travail. Je ne parle pas ici des faux corsets fabriqués à l’autre bout du monde,car chez Anticorps 7, tout est fabriqué en France. <br /> <br /> Vous blâmez le fait que la contre-culture soit un marché…<br /> Petit un : je ne vois pas en quoi c’est une contre-culture, les corsets sont apparus aux 18ème siècle. <br /> Petit deux : si vous niez ce « marché », comme vous dites, soit vous êtes un hippie car selon vous le marché dénaturerait la culture, soit vous êtes un fasciste car, selon vous, il ne devrait pas y avoir de place pour cette culture. <br /> <br /> Vous parlez ensuite de LA crise… c’est incroyable cette faculté que vous avez de partir d’un exemple hors-sujet (un logo) pour en sortir une thèse socio-économique. Je vous rassure, malgré une création d’entreprise en 2007, et la crise tout de suite après, la marque se porte très bien ! <br /> <br /> Pour finir, inutile de vous rappeler de retirer le logo… <br /> <br /> Cordialement, <br /> <br /> Sandra
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