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BLOG LITTERAIRE
31 mars 2012

DE LA MACHINE ONTOLOGIQUE

DE LA MACHINE ONTOLOGIQUE

1.
"l'ombre l'angle"
(Pascal Quignard, Les Ombres errantes,folio n° 4078, p.165)
Corne de rhinocéros, qui n'est pas dans la pièce, et qui, soudain jaillit de la trame de l'ombre pour embrocher le crédule.

2.
Le cerveau est une machine aléatoire en ce sens qu'il ne réagit jamais tout à fait de la même façon, et qu'il n'emprunte jamais tout à fait les mêmes circuits neuronaux pour se saisir du réel. Certes, les différences d'une réaction à une autre peuvent être infinitésimales ; elles n'en sont pas moins le signe de notre humanité. Une machine emprunte toujours les mêmes circuits ; sinon, elle tombe en panne. Un être humain ne cesse d'explorer l'éventail de ses possibilités. L'erreur est bel et bien humaine et preuve de l'humain.

3.
"La fascination précède l'identité."
(Les Ombres errantes, p.132)
"La beauté médusante est la seule beauté."
(Les Ombres errantes, p.144)
La fascination est, face à l'énigme, l'emprunt réitéré du même circuit neuronal. Elle peut tourner au trouble compulsif obsessionnel. Elle peut caractériser aussi l'attachement amoureux. En cela l'amoureux est d'abord celui qui se fascine. Il a suffi qu'elle tourne la tête pour que je me dise que j'avais pour cette personne plus d'affection que je ne le pensais jusque là. Aussitôt que la fascination amoureuse vous flanque son coup d'aile froide dans la poitrine, la machine ontologique du langage forge l'être de cette fascination. Il permet de nommer ce qui vous méduse. Sinon, faute d'explicite, vous devenez fou.

4.
La conscience est une machine virtuelle qui permet à la machine aléatoire du cerveau de se connecter au réel et de le comprendre grâce à la machine ontologique du langage.

5.
En général, quand quelqu'un, s'adressant à moi, commence une phrase par "Dis donc, Patrice...", je m'attends à des reproches. C'est ainsi que, sans même réellement penser à la valeur de la conjonction "donc", on relie le dire à la nécessité diachronique. On demande des explications, car il s'agit de répondre aux énigmes ; c'est qu'il faut continuer à pouvoir circuler librement en ville.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 mars 2012

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