DISCONTINU ET EVENEMENTIEL

DISCONTINU ET EVENEMENTIEL

1.
Est-ce que le manque d'argent peut rendre combattif cet être panique, vitalement panique, fatalement panique, qui se démène la comprenette pour s'en tirer de la panique, du manque, de la rareté ? C'est le pari de certains libéraux qui pensent qu'une crise est une mise à l'épreuve des capacités individuelles. Ceci dit, la crise qui a commencé en 1973 par l'augmentation des prix du pétrole - et qui, d'un soubresaut l'autre, s'accélère - installe les ménages dans des difficultés chroniques, qui finissent par aigrir, par semer jalousie, doute et frustration dans les esprits.

2.
Qui l'on trouve bonne pâte, et sympathique, cache parfois une âme d'épouvantail. Venin dans le coeur du Pierrot.

3.
J'ai dans mes tiroirs une belle collection de mains tendues, et la hache qui va avec.

4.
"Never pretend peace"
(Leonard Cohen, Hydra 1960)
(Ne simule jamais la paix)
Souvent masque simule la paix. Qu'il tombe, et le visage tourmenté apparaît, noeud de vipères, sentiments confus, affects contrariés.

5.
Le visage est-il l'être du masque ? Autrement dit, pouvons-nous voir les gens tels qu'ils sont ? Un tribunal infini n'y suffirait pas.

6.
Qui fréquente le chat fréquente ses puces.

7.
Ceux qui pensent que tout est politique se trompent. Tout est économique. C'est le manque qui pousse les gens aux extrêmes, et non pas le désir d'être extrémiste. Certes, il est plus réconfortant de penser l'humain en termes de gestion politique, en termes de groupes sociaux, cependant que l'économique relève de l'individu, c'est-à-dire de l'imprévisible.

8.
Nous travaillons à transformer le réel qui travaille à nous transformer. Pas de nature humaine là-dedans, et donc pas de droit naturel ; que de l'évolutif non linéaire, du discontinu événementiel.

9.
La civilisation est une tentative de faire coïncider le tangible et le symbolique. Les marchés sont des foires aux symboles qui ont des effets de plus en plus immédiats sur le travail de millions d'individus.

 Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 avril 2012