Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
22 avril 2012

NOUS DU PHENIX

NOUS DU PHENIX

"Les arbres morts reverdiraient pour remonter dans leur voyage
Pour annoncer que sur les plages les hauts nuages et les vents
Ne croient plus aux Dieux morts, que tout revit dans la durée
D'une fleur d'un seul jour, que le temps partage le temps."
(Pierre Seghers, in Pierre Seghers par l'auteur, Editions Seghers, collection "Poètes d'aujourd'hui", n°164, 1973, p.114)

1.
Que des "arbres morts" reverdissent tient du miracle que le conditionnel évidemment dénonce.

2.
Pourquoi des "arbres morts" se mettraient-ils à "voyager" ? C'est tout de même curieux. L'image d'arbres glissant sur leurs racines et se mettant à "annoncer", à bruisser sans doute, des choses et des machins relève du chevelu bizarre.

3.
Le "voyage", c'est ici le voyage dans le temps : du tombeau à la reverdie, de la mort à la vie. Vieillir, c'est donc voyager, aller d'un état à un autre.

4.
C'est assez désert comme paysage : "plages", "hauts nuages" , "vents". C'est même assez peu tangible, c'est du qui passe, sable, air, nuées.

5.
"Ne plus croire aux Dieux morts" : expression intéressante en ce qu'elle affirme une vivacité de Dieux vifs (puisqu'il y a des "Dieux morts"). Sur la nature de ces Dieux-là, on peut cependant s'interroger : sont-ce les Dieux de l'ancien monde (celui d'avant le Christ) ? Sont-ce les si fragiles et si puissants humains ? Sont-ce nos idéaux que la mort proclamée des "Dieux" ravala au rang de simples idées à la mode ?

6.
Il est tentant d'imaginer la durée comme un temps qui ne finit pas et où donc tout est appelé à revivre. C'est une illusion : le temps finit et ne finit pas ; il n'est jamais qu'une donnée subjective. On ne peut d'ailleurs penser la durée que parce que l'on a la capacité de penser le temps divisé.

7.
L'expression "la durée d'une fleur d'un seul jour" fait de la durée une suite infinie d'événements toujours recommencés. Les compléments de nom se succèdent ainsi comme s'il s'agissait de compléter le nom de l'être, le nom du temps.

8.
Que "le temps partage le temps" lui donne de l'en-soi, au Chronos. Les montres dirigent le monde. Les horloges organisent le réel. Les géométries s'engendrent toutes seules, multiplient leurs figures. Nous sommes du Phénix alors.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 avril 2012

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité