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BLOG LITTERAIRE
27 avril 2012

QUE L'ON NE S'Y TROMPE PAS

QUE L'ON NE S'Y TROMPE PAS

Que l'on ne s'y trompe pas : j'aime beaucoup Cahier d'un retour au pays natal : c'est un texte fort, admirable par bien des aspects, (le début par exemple, foudroyant :
"Au bout du petit matin...
Va-t-en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t-en je déteste les larbins de l'ordre et les hannetons de l'espérance."),
mais il se trouve que j'aime à rire, et c'est même le mieux pour moi car je vis assez facilement le revolver chargé dans une main et l'Almanach Vermot dans l'autre (paniquez pas, c'est une image : à l'image de cette fillette des aventures de Barbarella, je ne résiste pas aux images ; certes, je mélancolise, mais ne suis point assez suicidaire pour renoncer à ce plaisir princier), donc, voici quelques notes à rire prises en lisant Aimé Césaire :

1.
"Je réclame pour ma face la louange éclatante du crachat !..."
(Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, Présence africaine, édition bilingue anglais-français, 1971, p.105)
C'est ce qu'on pourrait appeler avoir la médaille baveuse.

2.
"... trompettes absurdement bouchées"
(Aimé Césaire, op. cit. p.69)
Ah ! j'en connais une tripotée de trompettes absurdement bouchées ! Remarquez, ça équilibre avec les à tout crin couaquants canards ! Quant aux corbeaux et aux crapauds, j'vous en parle même pas !

3.
"Et ces têtards en moi éclos de mon ascendance prodigieuse !"
(Aimé Césaire, op. cit. p.111)
C'est comme ça qu'on finit par vomir des grenouilles.

4.
"... ces chemins sans mémoire"
(Aimé Césaire, op. cit. p.71)
Ce qui ne m'étonne pas. Allez donc sur le chemin lui demander votre chemin, au chemin ; vous verrez qu'il ne vous répondra même pas.

5.
"... et toi veuille astre de ton lumineux fondement tirer lémurien du sperme insondable de l'homme la forme non osée"
(Aimé Césaire, op. cit. p.115)
J'ai rien compris. Mais c'est rigolo quand même ! astre de ton lumineux fondement : c'est évocateur, non ? D'ailleurs, je me demande, si on se le tape par terre, le lumineux fondement, ça fait-y des étincelles ?

6.
"à charmer les serpents à conjurer les morts"
(Aimé Césaire, op. cit. p.79)
Exactement le genre de trucs qu'on n'apprend pas à l'école ! Il y a aussi exorciser les masques, révoquer les faux-semblants, tuer la méduse en nous, rentrer dans l'espérance... Seigneur ! quel programme !

7.
"la mer est un gros chien qui lèche et mord la plage aux jarrets, et à force de la mordre elle finira par la dévorer, bien sûr, la plage et la rue Paille avec."
(Aimé Césaire, op. cit. p.57)
Très bien vu ; ça s'appelle aussi un raz-de-marée (actuellement, on dit aussi tsunami).

8.
"Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-panthères..."
(Aimé Césaire, op. cit. p.57)
Halte à la discrimination ! On a encore oublié les hommes-sandwichs !

9.
"Qu'y puis-je ?

Il faut bien commencer.

Commencer quoi ?

La seule chose au monde qui vaille la
peine de commencer :
La Fin du monde parbleu."
(Aimé Césaire, op. cit., p.83)
Bon début pour une réécriture de l'Apocalypse ! Moderne, percutant, accessible ; non, vraiment, c'est intéressant.

10.
"C'est un homme qui fascine l'épervier blanc de la mort blanche"
(Aimé Césaire, ibid., p.69)
La mort blanche, ça fait toujours son effet, comme expression. C'est plus porte-à-songe que "la mort noire" (vu qu'on imagine assez la mort comme étant noire : il y eut ainsi "la main noire", "la peste brune" et, n'est-ce pas, la "veuve noire", cependant que "la mort noire", n'était-ce point le nom que l'on donna au choléra, ou à la peste, oh je sais plus !), et puis le perroquet vert de la mort verte, c'est pas mal non plus, mais plus pour les aventures de Blake et Mortimer, voyez, ou Bob Morane, lequel avait une Ombre jaune.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 avril 2012

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