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BLOG LITTERAIRE
29 avril 2012

EN ECOUTANT LE PASSEPIED

EN ECOUTANT LE PASSEPIED

Ecrit en écoutant le Passepied de la Suite bergamasque de Claude Debussy. Comme cela sied bien à Colette, ce piano qui sautille et mélancolise un brin, et s'enjoue.

1.
"Par les baies ouvertes la pluie entra comme ils s'apaisaient, tiède et cinglante, embaumée d'ozone."
(Colette, La Chatte, Le Livre de Poche n°96, p.85)
Une demoiselle trempée quand même que c'est l'été (dans cette phrase en tout cas) ; par les baies ouvertes (puisque c'est l'été), elle vous rentre dans la maison, la pluie ; elle est jolie, cheveux ruisselants effrontés (- pourquoi effrontés ? parce que, et puis puisqu'il y a le mot "front" dedans, alors pourquoi pas effrontés ?), et tiède (car elle est vivante, la pluie, n'en doutez pas, pleine d'animalcules qu'elle est, aussi bien que vous et moi), et cinglante (elle aime bien l'ironie, la pluie ; ainsi, elle peut très bien se pointer comme ça, en été, alors que tout baigne de bleu, les piafs gazouillants et les arbres verdoyants) ; en outre, embaumée d'ozone ; c'te bonne blague, évidemment, comme toute pluie qui se respecte quand elle sort le soir et qu'elle va chez des gens.

2.
"Une mitraille d'éphémères..."
(Colette, op. cit., p.117)
Quelque chose qui vite palpite, vif le mot "mitraille" - c'est qu'ça yode - vif qui dit le battement des éphémères.

3.
"... la main gantée derrière les arbustes à grappes rosées..."
(Colette, op. cit. p.60)
Je la mettrai bien dans un roman policier, cette phrase à gants - sont-ce seux de l'assassin ? - genre Le cadavre est dans les bégonias ; Mystère dans la véranda ou encore Tuerie dans les tulipes...

4.
Je sais bien que je n'ai pas le génie de la dérision, mais peut-être, tout de même, le talent du dérisoire.

5.
"Elle jeta sa cigarette dans le jardin, en alluma une neuve, tria et battit les cartes du poker abandonné et les disposa cabalistiquement."
(Colette, op. cit. p.8)
Une jeune fille moderne, cette Camille, vivace et cabalistique. J'aime Colette pour la fraîcheur de ses phrases et celle de ses jeunes filles.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 avril 2012

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