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BLOG LITTERAIRE
13 mai 2012

DIRE QU'ALORS Y FAIRE

DIRE QU'ALORS Y FAIRE

"On dit qu'alors, tandis qu'immobiles comme elles
Veillaient stupidement les mornes sentinelles,
Les trois têtes soudain parlèrent ; et leurs voix
Ressemblaient à ces chants qu'on entend dans les rêves,
Aux bruits confus du flot qui s'endort sur les grèves,
              Du vent qui s'endort dans les bois."
(Victor Hugo, Les Orientales, Les Têtes du sérail)

1.
"dire qu'alors" n'est que la première partie de l'expression "dire qu'alors y faire" dont, par ailleurs, le sens exact m'échappe que je sais pas si je vais pouvoir le rattraper.

2.
Si l'on se retrouve immobile comme elles, c'est que l'on ne bouge pas. C'est bien ennuyeux d'être ainsi bloqué, de se retrouver tête immobile dans un poème de Victor Hugo, d'être coincé dans une strophe, un alexandrin, un phonème.

3.
Que les mornes sentinelles puissent veiller stupidement en dit long sur l'état intellectuel des troupes. Que ne mettent-elles à profit la faveur de la nuit pour se réciter leur grammaire du Chinois - lequel était un professeur, que je n'ai pas eu d'ailleurs, fort fourbe et qui rit -, et cela en prévision des vagues d'invasion qu'ça va pas manquer.

4.
Avoir trois têtes qui soudain se mettent à parler est un grand handicap. Moi je ne saurais donner où. Déjà, qu'il m'arrive d'être sur le point de la perdre.

5.
Qu'une voix puisse ressembler à un chant vous indique qu'il faut vous méfier : c'est que la fille est une sirène, et qu'elle vous prend pour un matelot, ou peut-être pour un marin "d'amour et d'eau fraîche" (ce qui serait idiot, surtout pour vous qui aimez tant la volaille, et le lapin aux pruneaux, et la carbonade flamande, avec des frites).

6.
Pour endormir le flot, il ne sert à rien de lui chanter une berceuse. Même vaut mieux pas. Les riverains pourraient appeler les gendarmes. Pour le vent, idem. Pas chanter. Pas siffler, ni siffloter : paraît qu'ça attire les sirènes.

7.
Ressembler aux bruits confus du flot n'est pas chose aisée. Il faut pour cela s'ébruiter, c'est-à-dire marcher sur un rythme binaire en soufflant fort des "f" pour signifier la confusion, le flot, la foule au loin et la force du destin là-bas dans les dunes. Par contre, il ne faudra pas vous étonner d'être harcelé par une sirène - attention ! C'est dangereux, les sirènes, qui vous bouffent de l'homme comme vous bouffez des frites, en barque et barquette.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 mai 2012

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