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BLOG LITTERAIRE
4 juin 2012

POUR CE JE VINS

POUR CE JE VINS

1.
La nature est pleine d'être. L'intelligibilité de l'être, c'est la conscience. L'ensemble des processus destinés à comprendre l'être constitue ce que l'on appelle culture. Tous les faits culturels ont l'être pour visée, et non pas la morale car un fait culturel n'est pas moral en soi. Ce n'est que par une compréhension toujours plus aigue de l'être que l'humain en arrive à juger raisonnablement de l'éthique d'un fait. Où l'on voit que la morale est affaire ontologique.

2.
Le néant : l'absence de l'en-soi et du pour-soi. Le néant, c'est donc du ni-ni, cependant que l'être est du ou bien... ou bien...

3.
Car le néant n'est ni positif, ni négatif, il ne peut ni infirmer, ni confirmer. Ce qui est, quand bien même tout aurait disparu, est à jamais. Le passé, à l'image du chat de Schrödinger, est et n'est pas. Pour expliquer cette contradiction, les humains ont inventé l'idée de conscience infinie.

4.
"What I do is me : for that I came."
(Gerard Manley Hopkins, As Kingfishers catch fire)

Ce qu'une traduction de Pierre Leyris d'un sonnet de Hopkins appelle "l'intime habitant de chacun", est-ce son âme ? C'est aussi son nom, ce qu'il confirme à chaque instant de son existence : "Ce que je fais est moi : pour ce je vins."

5.
"... - for Christ plays in ten thousand places,
Lovely in limbs, and lovely in eyes not his
To the Father through the features of men's faces."
(Gerard Manley Hopkins, As Kingfishers catch fire)

"... - car le Christ se joue en mille et mille places
Pour complaire en des yeux, en des membres non siens
Au Père sur les traits des visages humains."
(traduction : Pierre Leyris, in Gerard Manley Hopkins, Poèmes et proses, édition bilingue, collection de poche "points" n°P1791, Edition du Seuil, pp.128-129).

Nécessité du Christ : Dieu ne pouvait s'incarner lui-même dans le corps de l'humain puisqu'alors les humains seraient devenus des dieux. Aussi a-t-il créé le Christ, qui a la fragilité de l'humain et qui, pourtant, met en oeuvre le mystère divin.

6.
"L'été chantait sur son roc préféré quand tu m'es apparue, l'été chantait à l'écart de nous qui étions silence, sympathie, liberté triste, mer plus encore que la mer dont la longue pelle bleue s'amusait à nos pieds."
(René Char, La fontaine narrative, "Fastes", cf Fureur et mystère, poésie/Gallimard).

Hopkins me fait parfois penser à René Char en ce que les deux poètes ont en commun de travailler la langue de manière à signifier l'émerveillement du monde.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 juin 2012

 

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