DES MOTS ET DES MORTS
DES MOTS ET DES MORTS
1.
De quoi parle un roman ?
- Des mots et des morts.
2.
Le temps sans doute se divise à l'infini comme une sphère qu'un couteau découpe en une infinité de tranches.
3.
La musique, du temps acheté. Les étants sont du temps acheté. On ne prend pas du bon temps, on s'en paye.
4.
Le libéralisme économique a pour but de tout rentabiliser. Le socialisme a pour but de tout administrer. Les deux ont pour but de tout contrôler et sont donc voués à l'échec.
5.
Perdre son temps, c'est, de fait, considérer que l'on n'en a pas pour son argent.
6.
Vivre, c'est regarder aller et revenir, jusqu'à ce que ça ne revienne pas.
7.
"Un vieil ivrogne, une folle et un nourrisson..."
(Simenon, L'écluse n°1, dernière phrase du chapitre 3)
8.
Une ville est un ensemble de lieux déserts et de places occupées, de pleins et de déliés.
9.
Tout l'effort de l'humanité consiste à tout transformer en signes.
10.
On va quelque part pour voir quelqu'un et non pas quelque chose. Les oeuvres d'art et les grands spectacles de la nature sont les seuls objets qui déplacent pour eux-mêmes.
11.
La mise en oeuvre d'un espace : l'organisation du déplacement des corps.
12.
Nous sommes les fantômes des mots. Nous hantons le langage comme un spectre son lieu.
13.
L'habitude de tutoyer est une malédiction. Les gens se rendent-ils compte qu'il pourrait leur arriver de tutoyer un assassin ?
14.
Nous passons entre des silhouettes. Quelques une se précisent. Comme nous sommes immensément naïfs, nous en faisons des amis, des amants, des maîtresses, des relations. Parfois nous en épousons une, et nous croyons la connaître.
15.
C'est amusant de voir certains philosophes s'acharner à prouver que, tout de même n'est-ce pas, le temps existe en soi. C'est qu'ils savent bien que derrière le temps, il y a Dieu.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 juin 2012