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BLOG LITTERAIRE
30 juin 2012

SI CES MAXIMES ONT CREDIT DANS LES ENFERS

SI CES MAXIMES ONT CREDIT DANS LES ENFERS
(En feuilletant Antigone, de Sophocle, dans la traduction de Bousquet et Vacquelin (1897), Librio n°692)

1.
"Qui sait si ces maximes ont crédit dans les enfers ?"
(Sophocle, Antigone, Second Episode, p.44 [Le Choeur])
A mon avis, il n'y a pas de raison pour qu'au royaume des flammes et des ombres les livres ne brûlent pas avec leurs auteurs.

2.
Le diable n'a pas de loi. Il peut donc à loisir se renier. En cela, c'est un fin politique. On ne sait même pas s'il existe.

3.
"Hélas ! c'est un malheur quand une idée fixe est une idée fausse."
(Sophocle, Antigone, Premier Episode, p.32 [Le Garde])
Penser : fixer des idées tout en évitant qu'elles deviennent des idées fixes, des fascinations. Ceci dit, beaucoup ont pensé que Churchill, lorsqu'il dénonçait, discours après discours, le péril hitlérien, était en proie à une idée fixe. Possible.

4.
Je regarde mon chat et me demande si c'est lui qui agit ou n'est-ce pas plutôt le peuple de ses puces qui l'agite ? D'ailleurs, est-il tout à fait vivant ? N'est-il pas avec moi dans la boîte de Schrödinger ? Ne demeurons-nous pas dans un paradoxe ?

5.
"LE CHOEUR : A ce caractère farouche on reconnaît la fille du farouche Oedipe. Elle ne sait pas céder au malheur.

CREON : Mais sache que ces âmes si opiniâtres s'abattent aisément. Le fer le plus fort, le mieux durci au feu souvent se brise et vole en éclats."
(Sophocle, Antigone, Second Episode p.41)
L'illusion la plus forte est aussi la plus efficace. Son être transcende son existence. Elle devient mythe, figure de style, masque.

6.
"LE CHOEUR : Personne n'est assez fou pour aimer la mort."
(Sophocle, Antigone, Premier Episode, p.27)
Les humains aiment la mort plus qu'ils ne le croient, qu'ils ne le disent, qu'ils ne se l'avouent. Ce qui sous-tend la société est un amour immodéré de la mort. Ce que révèle la crise économique, c'est justement cette tendance au morbide, ce malaise structurel dans la civilisation. Sinon, comment expliquer cet acharnement à se reproduire que manifestent les humains alors que se multiplient les indicateurs du pire ?

7.
"ANTIGONE : Moi, je suis née pour partager l'amour et non la haine.
CREON : Va donc aux enfers ; puisque tu as besoin d'aimer, aime ceux qui les habitent."
(Sophocle, Antigone, Second Episode, p.44 [Créon à Antigone])
Echo sartrien du huis-clos : "L'Enfer, c'est les autres". Il faut être un saint, ou un hypocrite, pour se sentir à l'aise avec les autres, ces consciences qui n'ont pas d'autre envie que d'avoir prise sur vous, de vous utiliser, de vous contrôler, ces juges permanents, ces méritantes vulgarités, ces faiseurs du bouc. Qu'est-ce que le travail ? Une manière d'organiser l'enfer qu'il y a à se confronter à ces consciences étranges qui habitent le corps des autres.

8.
"J'entends un bruit confus d'oiseaux criant avec une fureur sinistre et barbare."
(Sophocle, Antigone, Cinquième Episode, p.70 [Tirésias])
Tiens, moi aussi...

9.
"L'opiniâtreté est une marque de sottise."
(Sophocle, Antigone, Cinquième Episode, p.71 [Tirésias])
Voilà qui me plait, qui ne puis guère m'attacher qu'à des ombres fuyantes.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 juin 2012

 

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