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BLOG LITTERAIRE
8 juillet 2012

COUIC ET COUAC QU'ON EST

COUIC ET COUAC QU'ON EST
(En feuilletant Fernando Pessoa traduit par Armand Guibert, Poésies d'Alvaro de Campos, Poésie/Gallimard)

1.
"Je ne peux plus aller seul par les chemins,
parce que je ne peux plus aller seul nulle part."
(Fernando Pessoa, Le Gardeur de Troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro)

... plus aller seul par les chemins... plus aller seul nulle part... On a toujours son fantôme avec soi. Il peut changer de nom, il a toujours le même visage. Il peut changer de visage, c'est toujours le même nom.

2.
"Si je meurs jeune,
sans pouvoir publier un seul livre,
sans voir l'allure de mes vers noir sur blanc"
(Fernando Pessoa, ibid.)

Ce pourquoi il se tortille, le jeune poète ; ce pourquoi il ouvre de grands yeux comme s'il découvrait que l'autre était un mystère  ; ce pourquoi il fait parfois tête de dedans l'angle du jour qui coince la porte ; ce pourquoi il a l'air vaguement colère : ne pas voir l'allure de ses vers noir sur blanc.

3.
"je vais là où le vent m'emporte et je
ne me sens pas penser."
(Fernando Pessoa, ibid.)

On s'imagine très penseur, cogitant ferme, fermentant des pensées dont vous pouvez pas avoir idée, vous autres ; mais on ne va jamais que là où le vent nous emporte et on ne se sent  penser que par complaisance.

4.
"et tous ceux qui se lèvent tôt pour aller travailler
vont de la même maison à la même usine par le même chemin..."
(Fernando Pessoa, "Passage des heures", in Poésies d'Alvaro de Campos)

C'est qu'ça turbine, qu'ça boulotte, qu'ça fabrique, qu'ça travaille : l'humanité, une infinie machine de complexités organiques qui tisse, sécrète, produit le monde, inexorable araignée dont la mouche est elle-même.

5.
"Je ne suis rien.
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde."
(Fernando Pessoa, "Bureau de Tabac", in Les Poésies d'Alvaro de Campos).

Couic et couac qu'on est.
Toujours qu'on sera couic et couac .
On ne peut vouloir qu'être couic et couac.
Et les rêves qu'on fait sont jamais que rêves de grand couic,
En attendant le dernier couac.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 juillet 2012

 

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