HEUREUSEMENT IL Y A PHEDRE

HEUREUSEMENT IL Y A PHEDRE

1.
Juillet 2012 : encore une tuerie aux Etats-Unis. Quelqu'un a fait feu dans un cinéma, apparemment juste pour tuer le plus de monde possible. C'est une variante de l'incendie criminel sans raison. C'est que c'est si facile de se procurer des armes là-bas, dit-on. Les Etats-Unis me semblent bien autophages... se bouffent eux-mêmes, les Ricains, se dépensent totalement, s'excèdent... voyez leur dette... viendra un jour où le montant de cette dette dépassera toute mesure bancaire. L'incapacité de remboursement sera alors absolument patente. Les Etats-Unis se volent eux-mêmes... c'est étonnant comme système.

2.
Je me demande si l'on peut faire une distinction entre les tueurs en série qui inscrivent leurs crimes dans une temporalité, dans une sorte de calendrier - les tueurs diachroniques - et ceux qui organisent une seule mais sanglante tuerie - les tueurs synchroniques. Je remarque que, dans les deux cas, il s'agit apparemment de faire le plus de victimes possibles.

3.
La différence entre la dictature et la démocratie, c'est que dans la démocratie, les gens se tuent eux-mêmes.

4.
Cassandre, la visionnaire, devait être dépressive. C'est pour ça qu'on la croyait pas. Les gens devaient se dire : "Elle est vraiment folle, celle-là !"

5.
 "tout ce qu'inventera le loup n'ira jamais que dans le sens d'un accroissement de sa nature carnassière."
(Michel Onfray, La Sculpture de soi, Le Livre de Poche, biblio essais n°4225, p.47)

Le tyran est l'humain qui agit en fonction d'une "nature carnassière", qu'il nourrit de son peuple et pour laquelle il semble prêt à tout sacrifier, jusqu'à, dans certains cas, sa propre vie.

6.
 Le religieux est celui qui rappelle la Loi ; le politique est celui qui sait oublier la Loi. Ceci dit, le catholicisme a tellement su oublier ses lois qu'elle en est devenue politique, et par bien des aspects, assez démocratique ; cependant que le républicanisme laïque, dans sa forme la plus sectaire, m'apparaît souvent comme un ersatz de religion.

7.
 Il ne faut pas confondre laïc, avec un "c", et laïque q-u-e. Le premier désigne le chrétien qui ne fait pas partie du clergé ; le second désigne ce qui est indépendant des religions. L'école laïque s'oppose ainsi à l'enseignement confessionnel. Mais il est que certains professeurs de la laïque, q-u-e, sont en fait des laïcs, avec un "c". De même que j'ai pu croiser dans certains établissements catholiques des enseignants athées - et même, je vous jure que c'est vrai - des sympathisants communistes.

8.
 Par la périphrase "les superbes remparts que Minerve a bâtis", Oenone désigne Athènes (cf Racine, Phèdre, I,5, vers 360). J'imagine bien la déesse monter murs et murailles, maniant la truelle, plâtre et ciment, casquette pour se protéger du soleil, queue de cheval blond, et sifflotant des chansons napolitaines.

9.
 "C'est le premier effet de la mort de Thésée.
Préparez-vous, madame, à voir de tous côtés
Voler vers vous les coeurs par Thésée écartés."
(Racine, Phèdre, II,5, vers 370-72)

Ismène renseigne ainsi la jeune Aricie et nous suggère le plaisant spectacle de coeurs volants, battant l'air de leurs petites ailes de palpitant, tout prêts à fondre sur Aricie, à la couvrir, des pieds jusqu'au chef, de baisers.

10.
Un sport cynique méconnu : le tir à l'arc sur coeurs volants.

11.
Cette histoire de coeurs volants me rappelle un dessin de Baudelaire qui représente un sac d'écus s'envolant à tire d'ailes. S'il y a des coeurs volants, il peut bien y avoir aussi des bourses aériennes. Les uns poursuivant les autres, je suppose.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 juillet 2012