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BLOG LITTERAIRE
4 août 2012

MONDE DE L'ESPRIT

MONDE DE L'ESPRIT

"Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit." (Arthur Rimbaud, Jeunesse, I, "Dimanches", in illuminations)

On peut supposer que le môme narratant, le jeune homme Rimbaud avant qu'il fiche son camp dans l'azur brûlant, évoque ici sa jeunesse, rapport à ce que le titre du poème dont est extraite la citation ci-dessus est justement "Jeunesse".
"Les calculs de côté" : l'expression pourrait désigner les économies de Madame Rimbaud, ou alors, au contraire, que le dimanche, on ne fait pas les comptes. Allez savoir.
"l'inévitable descente du ciel" : ça, ça doit avoir avec le religieux, la messe, le retour promis du tout clouté, ou alors c'est la pluie, mais la pluie ne tombe pas tous les dimanches.
"la visite des souvenirs" : des tas de tantes et d'apparentés se réunissent pour parler du passé. Je sais pas si ça se faisait chez les Rimbaud, ce genre de dominicale souvenance. Et puis, avait-il tantines et tontons, l'Arthur ? J'en sais fichtre rien ; c'est pas le genre de détail qu'on voit à l'université, ou alors faut qu'il y ait un chargé de cours doctorant spécialiste ultrapointu de Rimbaud, sinon nib, on fait dans le commentaire préparant au concours d'ennuyeux au tableau, ou le psychanalytique plus ou moins délirant (Rimbaud était une femme qui en avait, c'est bien connu) ou encore le marxiste persistant, ou le repentant psychologique, ou l'ontologique phénoménal, ou le comment ne rien dire en paraissant fort savant (avec références à Barthes, à Foucault, à Deleuze, à Sartre, et des petites piques à l'adresse de BHL et des cyniques qui aliènent les gens en les abrutissant de programmes à la télé que c'est une honte de voir ça).
"la séance des rythmes" : je ne pense pas que Rimbaud évoquât ici gymnastique rythmique ou danse de salon. Peut-être de la musique. J'y crois pas trop (ceci dit, j'en sais rien, j'espère que non, par exemple, Arthur à la flûte, au violon, au piano, serinant de la teutonne pour des ménopausées et des pleins d'bide, pouah ! à la fronde, oui, le môme, à massacrer ces cons de piafs qui disent des conneries dans les branches - je sens que ça va plaire encore, ce genre de notation...) Ou alors c'est le latin qu'il est bien obligé de bosser un peu le génial, thèmes, versions, psaumes, cicéronies diverses, catilinaires, et pour épater tout le monde, "Surtout, rime une version / Sur le mal des pommes de terre !" (Rimbaud, Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs)
Ensuite, il y a la forme "occupent" (j'espère que vous suivez, je vais pas répéter, vous avez autre chose à faire) puisque tout ça dont je viens de parler occupe la demeure. C'est que tout le monde est occupé : pas d'fainéant chez les Rimbaud ! Tout le monde à son ouvrage, car ce qui est fait n'est plus à faire, et ne remets pas au lendemain etc...
Donc la demeure, c'est-à-dire "la tête". L'existence, c'est ça, une grande prise de tête que certains finissent par la perdre, la tête, tournent zinzin ou se bastossent le cigare, ou alors finissent raccourcis dans des contrées lointaines et féroces.
Pour finir, ça occupe aussi "le monde de l'esprit", puisqu'il est que nous partageons le réel avec les autres-là, qui s'agitent derrière le sans tain, vaquent à leurs affaires, et prient, et chantent, et mangent, boivent, dorment et se demandent parfois si nous existons.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 août 2012

 

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