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BLOG LITTERAIRE
22 août 2012

DES PROFESSIONNELS

DES PROFESSIONNELS

1.
"Surtout que les mercenaires de Venise, c'est pas le genre à se gondoler !" c'est une réplique du film de Gérard Jugnot "Sans peur et sans reproche", pochade autour du Moyen-Age à chevaliers. C'est bête, mais ça fait rire.

2.
Entendu dans un documentaire sur les rapports pipés entre rébellion et rock n' roll diffusé sur Arte que non, Elvis Presley n'était pas un révolutionnaire (Ah tiens !). Outre qu'il faut être assez naïf pour croire que le grand Elvis ait pu être un révolutionnaire, - je me suis même laissé dire qu'il était plutôt conservateur même, Elvis -, est-ce que cela nuit à la qualité des enregistrements du King ? Non. Elvis n'a pas fait que de bons disques, mais certains sont quand même de fameuses bonnes galettes de rock n' roll, non ?

3.
De même, stupéfaction quand on apprend que dans ses récentes tournées avec les Stooges, Iggy Pop (la figure du rebelle idéal pour papier glacé), chaque soir, montrait sa et son au même moment, à telle chanson placée dans un ordre des chansons qui ne variait pas d'un concert à l'autre. La belle affaire ! Cela prouve simplement que Iggy Pop est un professionnel, et c'est tout. Que pensiez-vous ? Que chaque matin, Iggy Pop se lève en se demandant ce qu'il va bien pouvoir faire pour je ne sais quelle révolution (et pourquoi faire, mon Dieu, une révolution ?). Je parie que non. Il fait son boulot de musicien de pop/rock et, comme tout le monde, il cherche à en tirer profit. Ce qui ne l'a pas empêché d'écrire de bons morceaux. Là encore, dans sa discographie, il y a de très bonnes choses et des choses vraiment pas terribles, daubesques même; et alors ? Il n'en reste pas moins qu'alors que bien des disques du début des années 70 de l'autre siècle (tout de même!) ont, depuis belle lurette, sombré dans l'oubli des variétoches et chanteurs fantoches à chansons fastoches (oui, je sais, c'est un peu fastidieux parfois), les élucubrations électriques des Stooges continuent de se faire entendre, violentes, outrancières, guignolesques, efficaces, rock n' roll.

4.
Les intellos (ceux qui consomment du culturel plus qu'ils n'en produisent, les clients quoi !) distinguent, car ils aiment ce qui est distingué, les "bons" Monty Python du "mauvais" Benny Hill. Foutaise ! Benny Hill et les Monty Python faisaient le même métier. Certains sketchs des Monty Python furent aussi pitoyables que certains sketchs de Benny Hill. Et, lorsque Benny Hill était bon (et il le fut souvent - j'ai en mémoire ce strip tease grotesque qui se finit par la révélation d'un squelette qui s'ôte tous les os, façon music-hall, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une main qui s'agite toute seule dans le noir du plateau), et lorsque Benny Hill était bon donc, il se hissait au niveau prétendûment supérieur de ses collègues. Ce qui est surtout admirable chez les Monty Python, c'est "La Vie de Brian", qui est un grand film d'humour et de dérision. Pour le reste, ils furent des amuseurs professionnels, plutôt innovants, créatifs, astucieux, irrévérencieux, professionnels!...

5.
Il est aussi de bon ton dans les milieux où on lit Télérama (qui n'est ni plus honnête ni plus malhonnête que la plupart des magazines culturels, ils vendent leur salade, c'est tout) et où on écoute France Culture (admirable souvent et putassier quelquefois, - eh oui, eux aussi suivent les modes!) de dénigrer Louis de Funès. Ne voyez-vous pas quel acteur il fut,   et quelle perfection dans son art de mimer l'énervé, le paniqué furieux, l'anxieux terrible, le bourgeois de mauvaise foi ? Franchement, c'est être hypocrite que ne pas avouer, simplement, que l'on a pris, et que l'on prend plaisir à regarder des films comme "Jo", "Oscar", "Pouic-pouic", "Le Corniaud", "La Folie des Grandeurs" pour n'en citer que quelques uns. 

6.
Certes, l'apparence de rébellion fait vendre. Souvenez-vous de James Dean et de Marlon Brandon. Le rock ne fait pas exception. Dans ce documentaire, on apprend aussi que Keith Richards, le guitariste des Stones, aurait dit, dans un riff de lucidité (c'est "éclair de lucidité" qu'on dit normalement, mais pour Keith Richards, allons jusqu'à riff) que ce que faisaient les Stones, c'était de vendre de la "rébellion en boîte", du produit de consommation courante, de la révolution placebo, pipeau, bateau. Du reste, les Stones l'ont bien chanté qu'il ne s'agissait jamais que de rock n' roll (cf "It's Only Rock N' Roll" sur l'album vous allez pas me croire "It's Only Rock N' Roll"). On sait bien qu'il y a eu beaucoup de mise en scène dans les fameux scandales qui jalonnèrent la carrière du plus grand groupe de rock du monde. Là aussi, qu'on réfléchisse. Si les Stones avaient passé leur temps à se droguer, à picoler, à baiser dans tous les coins et tous les trous, outre le fait qu'ils n'auraient sans doute pas pu honorer leurs contrats, il est certain que peu d'entre eux seraient encore en vie. Or, mis à part Brian Jones (et il semble en effet qu'il y ait eu là tragédie), ils sont tous vivants. A part ça, "Beggars Banquet", "Sticky Fingers", "Get Yer Ya-ya's Out!" et quelques autres sont de fichus bons albums de pop/rock efficace. It's Only Rock N' Roll et on aime ça !    

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 août 2012

 

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