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BLOG LITTERAIRE
9 septembre 2012

DES FOIS BONNEFOY TOUTEFOIS

DES FOIS BONNEFOY TOUTEFOIS

(En feuilletant "Estelle Piolet-Ferrux commente Les planches courbes d'Yves Bonnefoy", la bibliothèque Gallimard n°169)

1.
"Chez Bonnefoy, l'expérience de la création poétique s'est depuis toujours accompagnée d'un doute portant sur la légitimité même du poème."
(Estelle Piolet-Ferrux, op. cit., p.23)

Ah bah ! pourquoi qu'i serait point légitime le poème ? Pourquoi qu'i serait moins légitime que le rubbik's cube, la crème renversée, la musique à faire guincher les ptits cons, le regard bovin du crétin de base, les lourdeurs des politiques, les faux seins, les faux culs, les faux jours, les faux billets, les vrais billets, les peupliers, les dépliés, les repliés, les libres penseurs, les dieux (les vrais et les faux), les moumoutes, les mammouths, les films américains, les pâtés en croûte, la choucroute, la semoule, les frites et leurs moules, les moules à gaufres, les gaufres sèches du nouvel an, l'élan du coeur, le coeur sur la main, la main dans la poche avec mon mouchoir par dessus ?

2.
Le doute sur la légitimité du poème : "Ah ! Ciel ! qu'ai-je fait ? Un sonnet ! Quelle horreur !" ainsi s'exprime le poète, chemise déchirée et poitrine offerte au feu du ciel (çui-là de feu que le démon Califourchon, qui grimpe dans les nuages avec son âne volant, envoie de temps en temps, par épars, et selon son bon plaisir, afin de rôtir comme poulets quelques innocents qui ont le tort d'être humains).
Non, sans blague, ce n'est pas parce qu'assez régulièrement, une partie de l'humanité en massacre une autre, que l'on devrait se priver de poèmes, de tartes aux abricots, et du sourire des jolies filles. Ou alors, autant se flageller, s'obliger à apprendre par coeur La Légende des Siècles (de Victor Hugo qui s'la posait point d'ailleurs, lui, la question de la légitimité des longueurs infligées aux enfants des écoles qui pourtant ne lui ont rien fait - i savait c'qu'il disait, Totor, "ouvrez une école, vous fermerez une prison" qu'on dit qu'il a dit, l'Inspiré, - eh ! c'est que c'est pas tant les clients des zonzons qui vont les acheter, ses chefs d'oeuvre, qu'évidemment les écoles, si elles ont pas deux trois séries du génial secoueur de pieuvres géantes et de tempêtes sous les crânes, sont-ce encore des écoles de la République, des écoles laïques, morales, obligatoires, citoyennes, Instructives, éducatives, animatrices, sociales, culturelles, passeuses (le terme très ridicule de "passeur" est fort apprécié des pédagogistes), abolitionnistes, bienveillantes, condescendantes, administratives, subventionnées, hein , on se le demande.

3.
"Le surgissement du souvenir est pourtant fortement exprimé par les indications temporelles : "Et alors un jour vint."
(Estelle Piolet-Ferrux, op. cit., p.59)

Et alors un jour vint que j'me souvins. Ah oui, c'est fort ça...

4.
"singulièrement au coeur des deux textes en prose, intitulés "les planches courbes" et "jeter des pierres".
(Estelle Piolet-Ferrux, op. cit., p.73)

J'aime bien ça comme titre : "les planches courbes", sans doute pour faire le tonneau à Diogène. On y dessine aussi des histoires courbes d'univers courbes. Quant à "jeter des pierres", c'est méchant quand même... on appelle ça lapider... ça se pratique chez les barbus... c'est dégueulasse. Sinon, on peut jeter des pierres pour faire des ricochets dans l'eau... ça passe le temps... A force de balancer des pierres dans l'eau, ça doit faire comme des palais bizarres dans le fond de la flotte, là où y a un noyé des fois.

5.
"Demander rivage" : une poétique de l'entre-deux"
(Estelle Piolet-Ferrux, op. cit., p.59)

Je parierais bien un poil de barbe contre un barbecue que c'est le mot "rives" qui vient après "entre-deux". Cela me paraît logique, et puis ça n'a pas plus de sens... je veux dire c'est pas moins absurde que d'écrire "entre-deux pages", "entre-deux livres", "entre-deux pontifications au Collège de France", "entre-deux chers amis", "entre-deux c'est moi que j'suis poète", "entre-deux ah flûte, zut, mallarmuche, j'ai oublié les merguez pour le barbecue" (ceci dit, je vois pas Yves Bonnefoy préparer un barbecue, genre Au sphinx des flammes, j'offre la chair de ce qui fut machine / Et je bois le vin nouveau du cadavre ancien / Rien n'est exquis en ce monde que ce qui ne fut / Je r'prendrais bien un ballon de rouge moi).

6
Y a une section du recueil "Les planches courbes" d'Yves Bonnefoy qui a comme titre "Dans le leurre des mots". Ce qui me titille l'esprit mauvais (çui qui ajoute poil aux nénés) et m'fait penser que c'est dans le leurre des mots des fois qu'on la fait sa motte de beurre.

7.
"Le je est paniqué face au délitement du monde qui se désagrège dans le trouble de la relation sensible."
(Estelle Piolet-Ferrux, op. cit. p.96)

S'arrête point de s'effriter le monde... s'effrite, s'effrite, s'effrite... c'est qu'elle prend plus, la mayonnaise... c'est paniquant... qu'est-ce que j'vas faire?... entrer dans les ordres? entrer sous les ordres? m'tirer en désordre? Ah non alors ! J'vas mitonner une sauce tomate...

8.
"lumière dans l'esprit" , "lampe cachée dans son coeur" : d'après ce que je comprends, ce sont des expressions tirées de poèmes de Yves Bonnefoy (cf Estelle Piolet-Ferrux op. cit. p.39). Style un peu chrétien tout de même... idéaliste en tout cas... illuminé des Lumières... comme il avait une lampe cachée dans son coeur, il s'ouvrit la poitrine et se décrocha la loupiote du palpitant ; c'est que la lumière de son esprit faiblissait quelque peu (il venait de refermer "La Légende des Siècles" de Victor Hugo).

9.
"Ô terre, / Signes désaccordés, chemins épars / Mais beauté, absolue beauté" : c'est encore du Bonnefoy cité par Estelle Piolet-Ferrux (opssit p.38) : là quand même, on peut se la poser, la problématique de la légitimité du poème. Que voulez-vous, moi dès qu'un écrivain se met à s'extasier sur "l'absolue beauté" de la boule à catastrophes, moi, j'me moque. On peut l'aimer beaucoup, Machine, l'adorer, à n'en pas dormir des fois, à se la sentir glacée la palpitance quand elle vous regarde même pas, qu'elle pense à un autre, mais faut jamais oublier qu'c'est jamais qu'une humaine (je vous passe les détails, c'est pas ragoûtant, mais c'est comme ça et en général ça s'arrange pas avec l'âge). Et puis, c'est pas tout ça, mais les grands massacres sous la lune, et les tortures, et la chiennerie d'la maladie, ça fait pas s'extasier, quand même, ou alors faut y mettre de la peste brune.

10.
Dans ces notes sur Yves Bonnefoy, je fus fort de mauvaise foi, car je suis de mauvaise foi. C'est mon médecin qui me l'a dit.

11.
"mettre Lulu en sourdine" : alors que je manifestai mon peu d'enthousiasme à l'idée d'écouter Lulu d'Alban Berg (c'est tellement bien que je le laisse à ceux qui le méritent plus que moi), Elise me dit : " tu veux pas mettre Lulu en sourdine ?" Je trouvai la trouvaille épatante qui vaut sans doute pour beaucoup d'oeuvres formidables que notre peu de curiosité et notre coupable négligence nous entraînent à délaisser cependant que nous admirons les exploits de Benny Hill ou des Avengers en couleur.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 septembre 2012

 

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