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BLOG LITTERAIRE
9 novembre 2012

JUSQU'A CE QUE FATUM LA HACHE

JUSQU'A CE QUE FATUM LA HACHE

1.
"Vous n'êtes point ici dans le palais d'Atrèe.
Vous êtes dans un camp..."
(III, 1, v.802-03 [Agamemnon à Clytemnestre])
"A la guerre comme à la guerre", c'est le message d'Agamemnon qui rappelle ainsi à la reine que les lois de la guerre l'emportent sur le protocole.
Mais noblesse oblige, quelles que soient les circonstances, et Clytemnestre de répliquer que ce camp
"Où tout vous soumis,
Où le sort de l'Asie en vos mains est remis,
Où je vois sous vos lois marcher la Grèce entière,
Où le fils de Thétis va m'appeler sa mère.
Dans quel palais superbe et plein de ma grandeur
Puis-je jamais paraître avec plus de splendeur ?"
(v. 803-808)
Manière de rappeler que la Reine est Reine partout, et surtout où se trouve son clan.

2.
Il faut à ce palais plein de la grandeur d'une reine et qui n'est qu'une tente dans un camp militaire, une musique dissonnante : Jimi Hendrix sied à Clytemnestre.

3.
Le tragique : une épée levée, un sceptre brandi, un sexe dressé, un aveu des fureurs, un jusqu'à ce que fatum la hache.

4.
"Pourquoi me perdrait-il, s'il pouvait me sauver ?"
(III,6, v.1016 [Iphigénie à Achille, parlant de son père])
L'humain, celui qui perd au lieu de sauver. Et vice-versa, au gré des circonstances.

5.
C'est que, nous autres que voilà, nous sommes les gardiens de tant de corps, de trop de corps, de plus en plus de corps, de corps et de corps encore.

6.
"Ma fille, je vous vois toujours des mêmes yeux.
Mais les temps sont changés, aussi bien que les lieux."
(II, 2, v.555-56 [Agamemnon à Iphigénie])
Nos sentiments changent selon les circonstances. Cela ne devrait pas. C'est qu'ils ne sont d'abord que des affects. Et qu'il faut du temps pour que nos affects deviennent ce qui ne varie pas.

7.
L'indicible est par définition indécidable. On parle toujours de trop. Celui qui se tait a l'avantage du sphinx.

8.
"Mais mon coeur trop pressé m'arrache ce discours,
Et te parle une fois, pour se taire toujours."
(II, 1, v.479-480 [Eriphile à Doris])
Ce qu'il y a avec la parole dite définitive, c'est que cet énoncé, qui se veut unique, ne peut être suivi que du silence. Ce qui n'est jamais gagné.

9.
Eriphile parle sous l'influence de son "coeur" qui lui "arrache", dit-elle, "ce discours". Le coeur, cet indispensable alien, issu des abysses de l'être et qui vous remue comme si vous n'étiez plus vous-même.

10.
"Heureux si dans le trouble où flottent mes esprits"
(IV, 5, v.1319 [Agamemnon])
Comme quoi c'est bien un bocal qui s'agite au-dessus de nos épaules, avec des cornichons dedans.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 novembre 2012

 

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