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BLOG LITTERAIRE
3 décembre 2012

ET MÊME RIEN QUI VAILLE

ET MÊME RIEN QUI VAILLE
Notes sur "Je viens de la rue aux travaux sans nombre", de Henri Thomas, Poésies, Poésie/Gallimard, p.133. Les citations faites du texte de Henri Thomas sont entre guillemets.

1
L'humain : une suite de "travaux sans nombre". Ce qu'exprime parfaitement bien la langue populaire : "Quand c'est fini, ça recommence."

2.
"C'est encore l'ombre" : formule d'hiver, et lucide aussi.

3.
"J'ai vu fuir" : c'est ce que nous faisons tout au long de notre vie, nous voyons fuir : le temps, les parents et les amis, et l'argent qui permet de gagner du temps et de garder ses amis.

4.
"les petits bars" : D'après ce que je sais, dans certaines villes, les jours des petits bars, des cafés de quartier, sont comptés. Certaines municipalités reprennent des licences qu'ils n'accordent plus jamais. Les villes sont ainsi plus tranquilles. L'avenir : des professionnels qui seront priés de ne sortir de chez eux que pour se rendre à leur travail ou pour assister à des manifestations culturelles dûment administrées, subventionnées, citoyennes. La France n'est ni de gauche, ni de droite, elle est prudente comme un roi menacé par un artilleur.

5.
"peu de choses et bien des choses" : Une vie, si peu de choses au regard des autres et tant de choses au regard d'une conscience aigue. Un imbécile qui voyage ne voit rien cependant que l'on peut voir tant de choses dans les fleurs de son jardin.

6.
"roses froides" : son visage quand elle décide de ne pas me regarder.

7.
"Que m'en restera-t-il dans dix années ?" : Pessoa écrit que nous sommes les cadavres vivants de ce que nous avons été. (cf Le livre de l'intranquillité : "sentir aujourd’hui la même chose qu’hier, cela n’est pas sentir – c’est se souvenir aujourd’hui de ce qu’on a ressenti hier, c’est être aujourd’hui le vivant cadavre de ce que fut hier la vie, désormais perdue.") Ainsi, dans dix ans, nous serons plus morts qu'aujourd'hui. Ainsi, dans dix ans, nous sommes plus morts qu'aujourd'hui.

8.
Souvent, le philosophe se croit supérieur au poète en ce que lui, le seigneur de raison, explicite, met à jour la logique souterraine de la pensée. Il en oublie la nécessaire énigme, et il est souvent bien ennuyeux.

9.
"tout un monde, épars dans ma nuit" : Le passé, ce qu'il en reste, c'est un monde épars, les éclats d'un miroir brisé qui parsèment rêveries et solitudes.

10.
"Rien peut-être" : C'est que l'on a du mal à accepter qu'il n'y ait rien, rien, plus rien. Aussi le fait-on suivre d'un "peut-être". Se peut-il que nous ne soyons rien ? Et même rien qui vaille ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 décembre 2012

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