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BLOG LITTERAIRE
5 décembre 2012

ALINEAS

Y a des fois, Dulaurens Jihache est touchant. Ainsi ce texte qu'il m'a fait parvenir très récemment et qui dit beaucoup de ce qui n'est pas lui, et qui pourtant, et qui cependant, et qui comprenne qui pourra :

ALINEAS

Il n'aura pas de chez soi, il n'aura que des chez eux.

Il sera tour à tour chez elle, puis quelques jours chez lui.

Et quand je dis «lui », c'est d'un autre dont je parle.

Un autre, qu'il peut désigner par le pronom lui.

Ce pronom se travestit simplement : un adjectif possessif et un nom : son père.

Car il passera toute sa vie d'enfant chez sa mère.

Plus précisément entre l'école (là-bas), chez elle (l'en-deçà, "l'en-delà" comme il avait écrit un jour) et chez lui (l'au-delà).

Il ne pourra jamais dire pleinement « c'est chez nous » car ce nous sera incomplet.

Ce nous sera l'addition d'un moi auquel on aura tranché un toi ou un vous.

Conséquence, il n'aura pas de moi ni de nous.

Comment fera-t-il pour vivre une vie en tu, il, elle, vous, ils ? Une vie sans pronom personnel, juste une vie de composés, de conjoints, de complémentaires...

Mais pourquoi il ne s'occupait pas mieux de moi alors qu'il ne me voyait pratiquement jamais ? Un week-end sur deux et il passait son temps à faire toujours autre chose, à travailler qu'il disait. Pourquoi il ne voulait pas jouer avec moi dans ma chanbre comme maman le faisait ?

Mais quand il était chez elle, il jouait seul dans la chambre, tout seul, comme un grand. Et un week-end sur deux, il traînait sa couverture de la chambre au salon pour s'allonger sur le parquet. Et il voulait dormir à mes pieds comme un chien car il avait peur que je disparaisse... comme si la nuit portait en elle des cauchemars alors que lui, c'était sa vie elle-même qui peut-être...

Quand même, qu'est ce qu'il était immature. Pourquoi il ne grandissait pas ? Un vrai gamin qui n'avait jamais rien su assumer.
Il n'avait pas su être un mari, un amant, alors un père, c'était trop lui demander.

Et il passait sa vie devant les jeux-vidéo au lieu de s'occuper de son enfant. Quel pauvre type.

Ce matin je me lève. Le soleil brille, le jour est comme les autres. Pourtant, je vais me marier.

J'aime ma femme. J'aime mon enfant. Surtout je ne désire pas reproduire ce qu'on fait mes parents.

Ma chance est là.
Un, deux, trois, je suis moi et avec elle et lui, nous allons créer une famille.

Nous serons nous.
Comme j'aimerais ne pas mettre de point à cette ligne et surtout ne pas écrire la ligne suivante.
Retour à l'alinéa numéro un.

DULAURENS JIHACHE
Dunkerque, le 5 décembre 2012

 

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