PLEINE D'OMBRE LA CABOCHE

PLEINE D'OMBRE LA CABOCHE
En lisant la partie I des Etrennes des orphelins, d'Arthur Rimbaud. Les citations sont en italiques et point toujours telles quelles. C'est du d'après, voyez.

1.
Pleine d'ombre, la caboche, façon chambre à chuchotements, avec des fois des aboiements dedans.

2.
Précisément, parfois, on a l'ouïe sélective, on entend vaguement que ce que l'on veut vaguement entendre.

3.
Un triste et doux chuchotement frisait, et même frisottait la nuque des choses.

4.
Je n'ai pas fait gaffe, mais je suis sûr que quand les marraines se sont penchées sur mon berceau - je n'étais pas bien grand alors -, y en a une qui m'a tiré la langue.

5.
Alourdi par le rêve qu'on est des fois, on a d'la pâte à regrets dans l'estomac.

6.
J'aime voir de longs rideaux blancs flotter aux fenêtres ; il me semble toujours qu'ils annoncent un retour.

7.
La mer tremble et se soulève qu'on dirait qu'elle va gerber.

8.
Quand le temps devient moche, les oiseaux se rapprochent. Ils se fichent sur les fils, et nous regardent passer en file dans les rues.

9.
"- Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux" qu'il écrit, Arthur. Heureusement encore, car si c'était en dedans, vous voyez pas la chienlit partout, tous ces piafs dans la chambre pleine d'ombre...

10.
Non seulement on est alourdi par le rêve, qu'on est tout plein d'pâte à regrets dans l'estomac, mais on a l'aile qui s'engourdit, faut nous imaginer, drôles d'oiseaux traînant une aile lourde dans le gris des jours.

11.
Sous le ton gris des cieux roulent des boîtes avec des vivants dedans.

12.
Elle était attifée comme la nouvelle Année, d'la fanfreluche plein partout.

13.
filer la suite brumeuse : expression qui pourrait signifier le contraire d'avoir de la suite dans les idées. J'admire les gens qui savent où ils vont, même si c'est pas loin, des fois même que c'est nulle part, mais enfin, ils y vont, résolument.

14.
Un jour, je composerai une "Suite brumeuse pour caboche et violon sans son." Ce sera très mélancolique, avec du chien dedans.

15.
La robe neigeuse avait fondu, laissant les rues vides, nues, dures, bleues, jambes froides.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 17 décembre 2012