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BLOG LITTERAIRE
18 décembre 2012

POURQUOI DOUTER

POURQUOI DOUTER
Notes de lecture sur la troisième partie du recueil Là où leur chair s'est usée, de Jean le Boël, Les Ecrits du Nord / Editions Henry, 2012.

1.
Dans la troisième partie, "ce qui rage et ronchonne dans les roches" m'arrête l'oeil et l'ouïe interne. Je me demande bien quelle bête peut ronchonner dans les roches. Pour moi, il s'agit de la bête des syllabes. Mais j'ai l'entendement syllabique et sans doute ne suis-je pas assez ouvert aux autres.

2.
Ce sont ensuite quelques croquis... des vifs sur le vent... notons que les cieux, s'ils sont sereins, ne le sont pas sans "menace" (p.49), ni sans "inquiétude" (p.50), et que l'eau est pleine du "bavardage innombrable des vagues" (p.51), comme si la nature soudain devenait cet envahissement de l'être par l'être. C'est que "la nue est si lourde si pleine" (p.52) ; c'est à s'en demander si elle ne se nourrit pas du "ventre" qui "se prend aux réseaux du ciel" (p.53).

3.
Peindre échappe le sortilège du réel. Peindre lui substitue "la toile" et "le mot". Peindre devient mer et passe sur "le galet" et toute "grève". (p.54) Peindre est raison.

4.
C'est sur un "pourquoi douter" que se termine le poème de la page 55. Il y a donc un réel attachement au réel qui caractérise la poésie de Jean Le Boël. Ce n'est pas ce qui nous retient. C'est plutôt ce "pourquoi douter" qui nous amuse. Pourquoi douter ? - Parce que nous doutons, c'te bonne blague.

5.
D'ailleurs, Jean Le Boël est bien conscient du pouvoir des mots qui, page 56, "voyagent dans nos corps", "visitent" et "voient ce que nous n'apercevons pas". Si nous sommes si réels, c'est-à-dire si efficaces dans le réel, c'est que les mots agitent nos linceuls, nos bouches, nos langues. Nous sommes de mots avant que d'être mort. Les mots nous utilisent, nous usent, nous jettent. Et voilà tout.

6.
Ce sont pourtant les mots qui assurent notre être une fois que nous avons "laissé notre peau" parmi tous les substantifs de la terre, noms d'oiseaux et cris de joie.

7.
La vignette d'Isabelle Clément qui clôt cette séquence, on dirait une flèche qui passe les nuages pour frapper le vif.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 décembre 2012

 

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