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BLOG LITTERAIRE
27 décembre 2012

CHASSE AU JAMBON ET AUTRES CHOSES CHUINTANTES

CHASSE AU JAMBON ET AUTRES CHOSES CHUINTANTES
Notes en feuilletant les oeuvres d'Arthur Rimbaud. Les citations sont entre guillemets et/ou italiques.

"- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré."

(Arthur Rimbaud, Au Cabaret-Vert)

1.
On ne s'étonnera pas que ça puisse avoir un "goût horrible étrangement"... ce réel passé à l'Arthur moulinette... il y a de la Vénus à ulcère à l'anus... l'a rapidement poétisé saumâtre, le réel... l'a ulcéré justement... qu'il s'en est dégoûté j'suis sûr... du coup, il a filé vers l'ailleurs.

2.
"Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : "Veux-tu finir !"
(Première soirée)
C'est mignon tout plein ces vers brefs de Rimbaud pour exprimer le vivace des petits pieds de l'amourette qui "se sauvent" des baisers du garçon. On l'imagine assez la fille pousser des petits i ! i !

3.
"On sent dans les choses ouvertes / Frémir des chairs"... monde blessé... mécanique organique des ouvertures et des fermetures... bouches, anus, mâchoires, bras... tout poulpe... tout bat et poulpe... l'univers, c'est d'la pieuvre... ça tentacule de tout côté... qu'on y fait même plus attention.

4.
"J'irais, pressant / Ton corps, comme une enfant qu'on couche, / Ivre du sang // Qui coule, bleu, sous ta peau blanche / Aux tons rosés"... qu'il raconte dans Les réparties de Nina... et puis il y a "Le sang ! le sang ! la flamme d'or !" C'est clair comme la sorcière du torrent, vampiré, l'Arthur... pressant le corps... comme une orange... Ah le gothique !

5.
"Je te parlerais dans ta bouche" : c'est ainsi qu'on prend possession... ça fait fusion... j'imagine le lascar avec les lèvres de la fille à la place de sa goulue lippe... quel collage !

6.
... Happent le jambon aux fourchettes... la chasse au jambon, comme on le voit, se pratique à la fourchette. Elle a généralement lieu en famille dans des battues que l'on appelle "repas". Mais on peut tout aussi bien se lancer dans la chasse solitaire au jambon de cuisine, voire aller chasser le jambon dans des réserves de chasse que l'on appelle brasseries. On y fait mouche à tout coup, et de certains chasseurs, on dit même qu'ils ont un bon coup de fourchette... Mais il arrive qu'il se venge, le jambon, et, étranglant l'étourdi, passe dans le trou à tarte, pour asphyxier le malheureux qui, du coup, jamais plus ne mangera de frites, ni n'ira dans le réel bricoler dans les choses et se croire nécessaire.

7.
... la vitre cachée, / Qui rit là-bas... des reflets se promènent sans miroir, ni fenêtre... des vitres se camouflent dans les feuillages... on les entend rire de leurs petits rires qu'on croit que ce sont des fées, ou les gamines du voisin qui se fichent de leur cousin, l'Arthur bêbête... en fait, ce sont des vitres cachées.... en général, elles profitent d'un éclat de soleil pour vous aveugler... ou vous attirer dans le piège mortel de la berge... ou vous faire glisser la raison dans un autre monde...

8.
K.O. cassé le carreau cassé... Et Arthur détala avec sa fronde coutumière.

9.
... chantant des choses.... entre les trous... réel tout troué... tout piqué vaudou... du coup, on chante des choses... c'est tout mystère... ou alors c'est qu'on chuinte de la mâchoire et qu'on dit soudain très philosophique :"Ch'entends des choses entre les trous que fait le chilenche des espaces infinis entre moi et nulle part."

10.
"Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon"... ça doit être un minuscule magique gnome qui, surpris alors qu'il piquait un apéricube, fiche son camp vers les "tilleuls qui sentent bon dans les bons soirs de juin !".

11.
"l'avoir dans l'os jusqu'au squelette" : expression que je viens de m'inventer, parce que voilà, et qui signifie qu'ils sont fatals, des fois, les coups du bambou du sort, sur nos caboches si provisoires.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 décembre 2012

 

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