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BLOG LITTERAIRE
2 janvier 2013

JUS D'OS ET SAC A SYLLABES

JUS D'OS ET SAC A SYLLABES
En lisant le poème La nuit remue de Henri Michaux. Les citations sont entre guillemets ou en italiques (sauf pour les fragments 5 et 10 où y a pas de citation).

1.
Ombres... se glissent et se jettent partout où elles peuvent... ce sont les grandes complices. On tente de les prendre en flagrant délit d'ombrage, mais c'est difficile, elles passent à travers vous et vous font penser à autre chose, aux étincelles par exemple, qui volent et font des petites brûlures dans le lointain, des petites lisières rouges qui grignotent le paysage puis s'allongent, jettent quelques flammes qui, en quelques instants, dévorent la photographie, et vous disparaissez.

2.
"On était donc si nombreux !" note Henri Michaux dans la première partie du poème "La nuit remue". On se croit seul à penser ce qu'on pense, à vivre ce qu'on vit, à rêver ce qu'on rêve, puis un événement arrive (la crucifixion d'une belette sur un piano par exemple) et l'on se rend compte que nous étions nombreux, si nombreux que cela ne nous étonne plus de tous porter le même nom.

3.
Dans la deuxième partie, le narrateur est sous le plafond bas d'une petite chambre qu'il a le front de prétendre sienne. Alors qu'elle est habitée depuis longtemps par l'esprit d'un hautbois. Aussi assimile-t-il sa nuit à un "gouffre profond". La nuit nous creuse, nous fore et perfore, elle nous troue jusqu'à ce que nous ne soyons plus qu'une béance dans le réel, un être de la nuit, un expert dans l'art de ne plus exister.

4.
Je saute la troisième partie car je suis plutôt grand (et puis, franchement, cette histoire de perdrix accrochée à un pantalon !) pour arriver à la quatrième partie où "longues étaient ses jambes, longues. Elle eût fait une danseuse." Très fluide, très souple, ondulante, glissante flamme à la surface de la fenêtre, d'où je regarde se consumer lentement le paysage.

5
Untel me dit : "Si je ne m'étais pas laissé enfermer dans mon boulot de PLP (Professeur de Lycée Professionnel), je pense que ça m'aurait plu d'enseigner à la fac." Eh, il se croit plus ignorant qu'il l'est.

6.
Le narrateur de la partie 5, un galérien, rêve de pouvoir abandonner ses rames. Il y a sans doute polysémie entre les rames qui servent à promener Elvire au lac où se moquent les coin-coins, et les rames de papier, qui servent à ramer aussi, dans un océan d'écriture. Et le narrateur de soupirer : "Qu'il est dur le pain quotidien, dur à gagner et dur à se faire payer!"

7.
La dernière partie du poème La nuit remue contient cette énigme, qui, comme dit le crapaud à l'orthophoniste, me laisse coi; je cite : "Tel partit pour un baiser qui rapporta une tête." Une histoire de palais sans doute... une danseuse amoureuse favorite réclame la tête d'un Jean-du-désert quelconque, pour qui elle béguine. En échange, elle donne un baiser à un roi, et plus sans doute, mais ça ne nous regarde pas. Bref, on coupe le cou au Jean, on danse, on fait la fête, pendant ce temps-là, les sept nains rentrent du boulot et engueulent Blanche-Neige parce qu'elle n'a rien fichu de sa journée, la feignasse.

8.
J'ai parfois l'impression que le ciel va s'effriter. C'est-à-dire qu'il va tomber en frites dans l'océan. On pourra donc pêcher  des fish and chips tout prêts à être dévorés. Faudra juste les réchauffer.

9.
Evidemment, c'est une solution de penser qu'il n'y a pas de solution.

10.
" - Ah ce Judas, je vais en faire du jus d'os !" dit le chrétien en colère en apprenant la crucifixion du Christ. A placer, bien entendu, dans un peplum humoristique.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 janvier 2013

 

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