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BLOG LITTERAIRE
27 janvier 2013

VOILA QUI VOUS RECONFORTE LE GRINCEMENT

VOILA QUI VOUS RECONFORTE LE GRINCEMENT
Fantaisies fragmentaires à propos de "Meurs pas on a du monde", chef d'oeuvre de San-Antonio/Frédéric Dard, Fleuve Noir n°103.

1.
p.65. "Mais j'égare, disperse." : et même zut.

2.
p.115. "Je parle un peu triste..." : On dirait le début d'un vers de la fin du XIXème, début du XXème, genre décadent picolo :

"Je parle un peu triste et mon âme se lézarde,
Quand je te vois si gauche et si pleine et hagarde,
Gerber ton vin rouge dessus la place blanche,
Car il a neigé, vois-tu ; t'as de grosses hanches."

3.
p.149. "Et la visite de la vieille dame." : Je suis certain que ça lui coulait tout seul, à Frédéric Dard, ce genre de réminiscences.

4.
p.89. "Régale-toi, l'aminche." : Je retrouve, au détour d'une page, le mot "aminche", que je n'entends plus guère. Un mot d'hier. Je me demande s'il y a des milieux où l'on emploie encore le mot "aminche". En fait, j'ai m'impression que je ne l'ai jamais entendu, ce mot. Que je l'ai surtout lu. Il me semble que Gai-Luron, l'impassible toutou du crayon à Gotlib, disait ça, "Salut les aminches". Ou me gourge.

5.
p.159. "être déguisé en rillettes de la Sarthe" : Citer San-Antonio, c'est risquer le tribunal pour plagiat à chaque instant, tant il y en a, d'épatantes trouvailles. Ici, l'expression suppose une mort violente et écrasante comme le plat de la main du Destin sur la mouchette près de la tartine.

6.
p.104. "les éponges ravagées par le tabagisme" : On imagine bien les noirâtres, suintantes. Et dire qu'on se promène avec ça, nos pommes fumigènes, y a de quoi dégoûter les belettes, surtout si comme moi, vous avez le chicot en péril et la comprenette aléatoire.

7.
p.135. "un quasi-silence inquiétant" : Ce qui est inquiétant, c'est ce quasi. Son sixième sens de héros du Fleuve Noir doit lui faire entendre l'inouï son de la lame de couteau qui brille étrangement au clair de la lune, laquelle fume tranquillement des blondes à la fenêtre, en attendant le chevalier.

8.
p.159, San-Antonio "raccroche vilainement" et ça fait "ploum paf !". Franchement, des bigophones qui ploument et pafent, j'en connais pas. Remarquez que c'est inspirant :
"Elle m'en dit des vertes, Paulette, et ploum paf !
Raccroche vilainement, me laissant tout paf."

9.
p.143. "- Une voiture sans serpents, de préférence." : Ce qui vous en dit un peu sur l'un des épisodes du palpitant. Franchement, ça fait rêver, non ?

10.
Sur la quatrième de couverture du chef d'oeuvre dans son édition de poche, on voit deux squelettes en plastoc attablés dans un décor dans le genre auberge in the cambrousse avec cuivres, buffets, saucissons pendouillants, tout ça rustique, en vrai bois comme dans les magazines où l'on voit de jolies, belles, époustouflantes maisons, jardins, cheminées, poutres apparentes, et tout ce qu'il faut pour se rêver une autre vie. J'écris ça pour les lecteurs les moins fortunés, qui lisent du Sana jauni acheté deux euros aux puces et qui se morfondent du genou dans leur chambre de bonne. Que ces lieux de rêve et de bonne bouffe soient déjà peuplés macchab, voilà qui vous réconforte le grincement.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 janvier 2013

 

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