Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
8 février 2013

ARIANE TRIFOUILLE

ARIANE TRIFOUILLE
Expressos en lisant le recueil Travaux d'aveugle, précédé du poème "Deux étapes", de Henri Thomas, in "Poésies", Poésie/Gallimard n°56.

1.
"le courant du langage" (qui nous emporte.)

2.
"la plus haute liberté" (évidemment, on est tout de même humain, nous autres-là, avec nos haches.)

3.
"un certain langage imagé et rythmique" (la poésie donc)

4.
"un grand roseau-bambou" (ce qui fait rêver, la flexibilité du roseau et le coup de bambou qu'on prend quand on tire trop sur la corde)

5.
"mais aussi inconnue de moi" (la poésie, cette inconnue de nous-même et qui nous parcourt en tout sens)

6.
"Travaux d'aveugle" (titre de recueil, à tâtons donc qu'on poétise)

7.
"et vous verrez danser parmi le vent amer" (quoi donc ? Des jeunes filles longilignes et pluvieuses ?)

8.
"les animaux sans nom" (ont des cris sans nom sans doute)

9.
"les oiseaux des présages" (ce qui vole dit ; ce qui rampe aussi, et mon chien aboie et ma caravane passe)

10.
"Êtres sans nom" (après les "animaux sans nom", les "êtres sans nom" : on nage dans l'inconnu)

11.
"je m'enfonce à peine éveillé" (exactement ! je m'enfonce dans le pédagogique, le bricolage transmetteur, la passation aléatoire des savoirs dits classiques)

12.
"l'aventureux chante tout bas" (pour pas que la routine l'entende)

13.
"vers moi le ciel penche" (c'est-y pas que je vacillerais, que je me ramasserais pomme cuite)

14.
"il faut à l'homme nu son troupeau de déesses"(dit-il avec une certaine emphase devant une pile de revues pornos. "Revue" me semble un mot approprié pour ce type de magazine)

15.
"Ulysse devenu sauvage" (l'Odyssée : la ruse résistant à la sauvagerie des temps océaniques aux cruautés fabuleuses)

16.
"son épaule fait un creux" (est-elle toute nue ?)

17.
"où s'aventure / lente et prudente / une ombre" (Est-ce Fantômas, Fantômette, Fantômôme qui s'avance ainsi dans le corridor et l'énigme ?)

18.
"les filets où s'agitent nos rêves" (ceux de nos pêches miraculeuses)

19.
"issu des gouffres de l'orage" (quelque dieu humide et sombre)

20.
"la neige fondante, la foule, le fleuve" (allitération de la labio-dentale "f" ; dans le même poème, on relève aussi : "effort, filles, enfance, folle, fini, front, forme" ; le "f" file son fil sifflant)

21.
"dans le vieil aujourd'hui" (nous cherchons des choses neuves)

22.
"ses cheveux noirs sont si noirs qu'ils brillent de reflets bleus" (exactement le genre de chose qu'il m'aurait plu d'écrire ; je suis jaloux.)

23.
"La tombe d'un certain Wolfram" (déjà le nom, comme il fait mystère ; c'est que, pour nous, rêveurs, un rien nous fait l'énigme, un prénom, un nez, un mot, un bout de phrase, un regard, - oh les regards surtout nous en promettent, des  fantastiques, des amours merveilleuses, passions torrides et machins en fusion)

24.
"les béliers de l'orage" (ceux qui se jettent à la porte des cieux, et l'assiègent, la citadelle à Dieu.)

25.
"par toutes les pluies de l'automne" (j'irai sur mon cheval d'un autre temps, vers une ville d'un autre temps, avec une langue d'un autre temps et une gueule d'un autre temps ; c'est bien simple, c'est plus moi, c'est l'autre.)

26.
"dans le sable de la fatigue" (çui-là où qu'on s'enfonce, happé par les aiguilles molles des heures) 

27.
"On traverse des nuits" (oui, bon, on dort quoi.)

28.
"le linge de la fée épars en loques blanches" (ça fait rêver : les dessous merveilleux éparpillés partout dans les arbres, et les herbes, les rivières, et la fée, où qu'elle est la fée, hein ?)

29.
"le tremblement des étoiles" (au passage des lourds nuages noirs)

30.
"les beaux miroirs tremblants" (où se mirent des filles troublantes comme des inconnues dans l'averse)

31.
Une jolie fille que l'on connaît à peine est pleine de mystère; puis - fatal - le mystère se dissipe, et la voilà qui demande, exige, oblige, et fait plus ou moins une gueule de routine si ça va pas comme ça devrait.

32.
"elles vont dans la neige" (petites silhouettes noires emmitouflées, pas s'enfonçant dans l'allongement du temps vers la place, puis elles s'enfoncent dans l'ailleurs et la neige recouvre leur temps.)

33.
"la lumière vacille" (le ciel vacille, la ville vacille, et moi vacille aussi sous la faucille d'la lune)

34.
Des fois, on se sent mal à pas crever.

35.
"Message du bonhomme de neige" (pour qu'on lui change sa carotte, qu'elle toute pourrite, et i s'rait temps aussi qu'on lui remette du tabac dans sa pipe)

36.
"et s'éparpille dans la bise" (il retourne en poussière, en poussière fine et blanche, le bonhomme de neige)

37.
"la foudre pour demain" (il faudrait chaque soir pouvoir préparer sa foudre pour demain, la forger soigneusement, la limer, l'aiguiser, la fignoler vive afin qu'elle frappe fort et juste, sa foudre, car ça peut toujours servir!)

38.
"bosquet ténébreux" (avec des yeux fiévreux dedans, pis des vénéneux, des vénimeux, comme c'est curieux, oui vraiment curieux)

39.
"La lune est ravie" (les étoiles vibraphonent ; y a du jazz dans l'air !)

40.
"faite de mille ailes repliées" (la nuit...)

41.
"dans la connaissance du soir" (on finit des fois par en connaître des bières)

42.
"où mon poème est seul" (oui, eh bien, il n'est pas le seul !)

43.
"mon coeur tenté par les métamorphoses" (y a rien à faire ! on voudrait toujours être autre qu'on est, mais on n'est que c'qu'on est, c'est comme ça et pas autrement, justement.)

44.
"j'aime une blonde chevelure / dansant un peu sur les épaules" (ça et les cheveux si noirs qu'ils en ont des reflets bleus, exactement ce que je jalouse, ces magnifiques qui passent dans les poèmes comme de belles inconnues dans les rues)

45.
"l'aurore où j'ai traîné" (des fois on se lève tôt pis on traîne, traîne, traîne son traîneau de fumée, de café noir, de poème pas fini)

46.
"viens, nous aimerons ensemble" (ça fait longtemps qu'une fille ne m'a pas dit "viens" ; ça m'arrivera plus ; j'suis plus qu'moi-même, sans mystère, sans dents, sans possibles)

47.
"la mort me regardait de ses yeux de cristal" (où ai-je mis ma catasfiore ?)

48.
"la noirceur des terres" (la pâleur rousse des banshees, j'ai d'la légende qui me travaille, qui m'cherche le labyrinthe, qui m'trifouille l'Ariane).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 février 2013

 

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité