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BLOG LITTERAIRE
15 avril 2013

ET PLUIE C'EST TOUT

ET PLUIE C'EST TOUT

"Orage en deux coeurs ou jets d'eau des siestes"
(Jules Laforgue, Complainte du pauvre chevalier-errant)

Orage crack donc coup d'blanc
En deux coups de cuiller à foudre
Deux chats l'un noir l'autre pâle deux
Coeurs toc toc badaboum
Ou deux sabres croisés
Jets de lumière dans le tableau
D'eau trouble et de nuée tourmente
Des dieux inquiets dans leurs
Siestes font des songes mouvementés.

2.
"Dans l'estomac des gueux la faim met son galop."
(Jules Laforgue, Intérieur)

Allez vous étonner après que les gens mangent du cheval.

3.
"Tout hier, le soleil a boudé dans ses brumes"
(Jules Laforgue, Complainte des grands pins dans une villa abandonnée)

Le soleil, savez quoi, à force il est suant, tannant, carrément échauffant.

4.
"Du clair de lune pâle"
(Jules Laforgue, Idylle)

C'est-à-dire du clair de lune jaune banane. Il faut bien nourrir les orangs-outangs.

5.
"Et je les vis soudain dans l'ombre et les ténèbres"
(Jules Laforgue, La Chanson des morts)

Ce vers, qui sent son mystère, peut être cité à l'occasion de l'arrivée soudaine et nocturne d'un tas de gens que vous n'avez pas spécialement envie de voir : amis, famille, Anglais égarés, teutons stupides, squelettes et morts-vivants, petits hommes verts, des gens, d'autres gens, pas beaux et papous (dans la tête), légion fantôme avec cavalerie fantôme, trompette spectrale et tambour de brume (y a qu'en poésie que ça se trouve, essayez voir, bande de barbouilleurs, de dessiner un tambour de brume, et vous verrez !), bref, tout un tas de trucs surgissant uniquement pour vous empêcher de vous faire des oeufs sur le plat en écoutant du Gentle Giant à trois heures du matin.

6.
"Mais soudain vers les cieux jaillit un cri de rage"
(Jules Laforgue, Impassible en ses lois...)

C'est vrai que c'est rageant de voir le plat à gratin vous échapper, v'lan ! v'là que v'là votre repas du soir qui se répand tout fumant sur le carrelage avec un bruit de je te l'avais bien dit.

7.
"C'est un feu d'artifice hélas ! qu'avant la fête,
A noyé sans retour l'averse qui s'embête."
(Jules Laforgue, Complainte-litanies de mon Sacré-Coeur)

Bin oui, c'est ennuyeux... Faudrait pouvoir divertir l'averse. Mais bon, quand votre destinée, c'est de tomber à brûle-pourpoint (la nature est pleine de paradoxes), de presser le pas des passants, de mouiller le linge à sécher des cours et jardins et de faire sa fête au feu d'artifice, je comprends qu'on mélancolise des fois. Faut faire avec ; y a pas d'avance ; c'est comme ça, et pluie c'est tout.

8.
Parfois, dans les divorces, c'est la moitié qui prend tout.

9.
"La poignante rumeur d'une fête lointaine"
(Jules Laforgue, Noël sceptique)

Mais non, mais non ! faut pas réagir comme ça ! Moi, quand j'y pense, aux fêtes lointaines, c'est toute cette vaisselle à faire, cette vaisselle grasse et multiple qui me vient à l'esprit, et puis la carte bleue qui chauffe avec tous les cadeaux idiots qu'on se sent obligé de faire, et puis les gens qu'on n'apprécie pas trop (dans mon cas tout le monde) avec lesquels il faudra bien converser un peu, et puis les mômes braillards stupides et capricieux, et le lendemain donc, on sera bien un peu vaseux, avec la dinde, le champagne, le moka et tout ci tout ça. Moi, à Noël, je mange du boudin blanc, je me mets un DVD de Louis de Funès, et basta.

10.
L'avantage qu'on a à vieillir, c'est qu'on aperçoit de plus en plus souvent le tube digestif à cheveux longs qui se cache sous les plus jolis minois ; ça calme.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 avril 2013

 

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