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BLOG LITTERAIRE
19 avril 2013

MEURS PAS ENCORE ON A ENCORE DU MONDE

MEURS PAS ENCORE ON A ENCORE DU MONDE
Brefs en feuilletant l'époustouflant "Meurs pas, on a du monde" de Frédéric Dard/San-Antonio (édition de poche Fleuve Noir n°103). Citations entre guillemets.

1.
"une espèce de momie d'amour" (p.45) : se dit quand on s'est laissé emberlificoter par l'affectif. Momifié, embaumé, encombré d'son coeur. C'est embêtant.

2.
"Rien de plus mystérieux qu'une maison" (p.65) : surtout quand on la hante, on ne sait pas sur qui on va tomber, les vivants sont si étranges, à pousser des cris et des hurlements quand ils vous croisent dans les couloirs, où à s'évanouir comme si vous veniez d'une autre planète, alors que bon, tout de même, vous étiez là avant eux.

3.
"mais le coeur n'y est pas" (p.134) : ça fait hémistiche, ce bout de phrase. Ecrivons la suite :
Mais le coeur n'y est pas, on dirait qu't'es pas là.
C'est-y pas beau ? ça alexandrine-t-y pas comme il faut ?

4.
"- Si on allait bouffer, ma poule ?" (p.53) : y a de l'implicite dans cette question, du sous-entendu, de l'allusif, sinon de l'ironique. En effet, l'émetteur suggère-t-il que "la poule" en question ne ferait que picorer, alors même qu'il emploie le terme très familier, sinon vulgaire, de "bouffer". Suggère-t-il en outre que le repas ne serait pas constitué de poule au pot, ni poule au riz, ni coq au vin, ni aucun poulet, introduisant ainsi dans la requête "si on allait bouffer, ma poule ?" un interdit alimentaire frappant les gallinacés en particulier et peut-être bien tous les animaux de basse-cour en général, car les poules ne sont pas des mantes religieuses (ceci dit, je ne suis pas certain que, mais cela échappe à mes conséquences, et en plus je m'en tamponne le coquillard avec une patte de crocodile, lequel croque assez volontier tout ce qui passe à sa portée, poulet, veau, vache, cochon, bonhomme, bonne femme).

5.
"Faut franchement avoir de la Chantilly dans le caberluche, non ?" (p.35) : outre que ça chuinte plaisamment, cette expression san-antoniesque peut s'appliquer à chaque fois que l'on constate un dysfonctionnement du cogitif. Je me demande d'où sort le mot "caberluche" ? Est-ce une pure invention ou le mot a-t-il ses racines dans le Lyonnais, patrie de l'épatant et regretté Frédéric Dard ?

6.
"Un cri-plainte bourré d'infini désespoir." : Je relève page 101 cet épars en douze syllabes, un alexandrin en règle, avec son rythme ternaire, et son malaise existentiel à la Musset. C'est beau et universel ; c'est terrible aussi.

7.
"Son ton est bourré de sincérité." (p.127)

Le sincère emplit le thon. Celui qui ment a nez long, mais celui qui dit vrai aussi. Dans les lexiques l'Histoire et tous ses nez, ses gusses, ses négus, ses négoces. C'est le thon qui dit vrai dans l'océan des mots. C'est pour ça qu'on pêche, et la pêche au thon, c'est bon, avec de la mayonnaise. La tomate aussi. J'entends sur France Musique dans l'excellente émission du matin présentée par l'excellent Christophe Bourseiller que jadis, il existait en Bretagne une Notre-Dame de la Haine. Les gens allaient dans c't'église prier pour faire mourir quelqu'un. C'est Jean Teulé qui explique ça. C'est-y vrai ? T'y pas ? Je sais pas. C'est marrant en tout cas. Vous me direz que vous voyez pas le rapport entre la sincérité du thon et Notre-Dame de la Haine. Je vous rassure, moi non plus.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 avril 2013

 

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