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BLOG LITTERAIRE
25 mai 2013

GENRE J'SUIS PLUS LA

GENRE J'SUIS PLUS LA

1.
"Ton coeur s'enflamme pour ce qui glace d'effroi."
(Sophocle, Antigone, traduit par Robert Pignarre, GF Flammarion n°1023, p.45)

Ton palpitant i fait rien qu'à ton
Coeur s'épater du terrible, ton coeur,
S'enflamme aux catastrophes, s'enflamme
Pour les dégringolades, pour
Ce qui est bien malheureux, pour ce
Qui vire vinaigre, vilain vertige, venin, pour ce qui
Glace les sangs et les visages, glace
D'effroi et fait fuir, à toutes jambes, cheveux dressés.

Note : C'est Ismène qui dit cela ("Ton coeur s'enflamme pour ce qui glace d'effroi") à Antigone ; ce n'est pas faux. Antigone est aussi une fascinée.

2.
"Non, je ne partagerai pas ma mort avec toi."
(Sophocle, op. cit., p. 65, [Antigone à Ismène])

Non, ah mais non alors, je ne vais tout de même pas la partager, non, ne veux pas partager ma place dans la légende... Partagerai pas, na ! Pas ça, pas ma solitude ontologique, ma gueule à transcendance, ma postérité littéraire... Ma soeur, va te faire voir chez les Grecs, ma mort, c'est ma mort, et toi, fais ta vie... Avec nobody, mon acte, que l'je partagerai... perso, j'suis jalouse... Toi, et tous les autres tragiques théâtreux, masques et casques, zavez qu'à aller chercher des toisons d'or, des écuries d'Augias, des baleines blanches... Moi, je reste là, dans mon trou!...

3.
"Tombeau, ma chambre nuptiale"
(Sophocle, op. cit. p.81)

Bien dit, ma fille !

4.
"Pareil est le destin qui me couche au tombeau"
(Sophocle, op. cit. p. 78 [Antigone])

Pareil à la tortue que l'aigle échappa pis qui trucida le vieil Eschyle, pareil stupide
est mon trépas que j'vas y passer, à la casserole sans fond ;

Le destin, mon
destin, çui-là sur qui vous allez en écrire des tonnes, des tomes et des théâtres, ce destin
qui me fait crever pour une poignée de sable,
me fait bien frire ! Qu'est-ce qui m'a pris donc de me lever de ma
couche pour aller faire mon intéressante, ma justicière, mon incorruptible ?
Au bal que j'aurais dû aller, me prendre une cuite, plutôt que d'aller brailler justice dans les oreilles à Créon... J'aurais pas fini  à errer comme une j'suis-plus-là avec toutes les autres ombres, j'aurais pas fini
tombeau, pendant c'te temps-là qu'les autres pouffes s'envoient en l'air avec des bouillants, des achilles, des guerriers beaux comme des hommes... Ah, Antigone, ma fille, t'es trop conne, et c'est Créon qu'avait raison.

5.
"Moi, je passe inaperçu, j'entends ce qu'on dit ici et là."
(Sophocle, op. cit p.71 [Hémon à Créon])

Moi, ombre que j'suis... je glisse, me fonds, coule le long... passe-muraille, passe-partout, passe-montagne, et muscade aussi... inaperçu mézigue... J'entends tout, j'ai l'oreille américaine... Ce qu'on murmure, susurre, intrigue et complote ; ce qu'on conte complice ; ce qu'on dit de toi, de moi, de vous, partout comme ici - la scène est sur une place à Thèbes, devant le palais des Labdacides - et ailleurs, les places, les gares, les bars, les bigophones et les boîtes à coucou, tout, j'entends tout, partout, tout, ici, ailleurs, et là, dans mon kawa, que j'me vois, et que j'me dis des choses, de ces choses-là que je ne répéterai pas.

6.
- Dites donc, Houzeau, seriez pas un peu cynique, non, et déloyal des fois ?
- C'est pas ça, Monsieur l'Inspecteur des illusions perdues, mais, voyez, la fée qui s'a penchée sur mon berceau, avait de grosses moustaches, de gros sourcils, fumait le cigare et parlait très vite l'américain tout en craquant un tas d'animaux, du coup, hein, n'est-ce pas...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 25 mai 2013

 

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