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BLOG LITTERAIRE
18 juin 2013

N'EST-IL RIEN QUE D'HUMAIN ?

N'EST-IL RIEN QUE D'HUMAIN ?
En parcourant le recueil Vents, de Saint-John Perse, Poésie/Gallimard n°36.

1.
"N'est-il rien que d'humain ?"
(Saint-John Perse, Vents, p.65)

Il n'est rien que d'humain sans doute, puisque tout passe par son oeil, à l'humain, et puisque l'humain seul nomme et fait sens de toute chose. En dehors des noms est le lieu de l'innommé; en dehors de l'humain est le lieu de l'innommable : ce que l'on ne peut nommer, ce à quoi il n'est personne pour donner un nom. L'innommable est le véritable nom de l'être.

2.
Ce n'est pas parce que les humains disparaîtront que les choses disparaîtront. Seuls les mots disparaîtront. Quant aux choses, elles retourneront à la nature originelle, à l'innommable.

3.
Ainsi, poussière, nous retournons à la poussière, et nos syllabes aussi.

4.
Entendue dans Meurtre Au Presbytère, téléfilm anglais inspiré par le roman The Murder At The Vicarage (L'Affaire Protheroe), d'Agatha Christie, cette réponse donnée au téléphone :
"- Désolée, mais vous vous êtes trompé de faux numéro."

5.
"Le Mathématicien en quête d'une issue au bout de ses galeries de glaces"
(Saint-John Perse, Vents, p.57)

Le jongleur de chiffres, le danseur d'équations, le
Mathématicien, l'abstrait arpenteur,
En un autre monde je vous dis, en
Quête de la beauté des théorèmes, en quête
D'une solution élégante, d'une
Issue... porte dans l'espace...
Au seuil de... échos sans nombre... au
Bout de... du labyrinthe...
De la théorie à tiroirs... au bout de
Ses spéculations... suites de
Galeries qu'il se creuse le cerveau... séries
De chiffres, suites et séquences, où se reflètent dans les
Glaces d'autres séries de glaces et de nombres.

6.
"Un très vieil arbre, à sec de feuilles, reprit le fil de ses maximes..."
(Saint-John Perse, Vents, p.83)

Un vent avec des voix dedans...
Très vieux vent sans cesse renouvelé...
Vieil arbre, vieille griffe-la-lune,
Arbre, vieil enchanteur, ô enraciné,
A sec de fées dans tes branches, à
Sec de syllabes bruissantes,
De latin gazouille, de
Feuilles ; ébloui alors il
Reprit - vertical blanc -
Le fil sans intrigue, le fil
De son soliloque en secret, le
Fil de la sotie, ô l'araignée qui va
Ses farces dans tous les coins elle les débite
Maximes du sol au plafond.

7.
"s'avance dans le temps à la rencontre des lunes rougissantes"
(Saint-John Perse, Vents, p.45)

S'avance l'ombre le long du mur
Dans la rue où je ne suis pas
Le tableau représente une rue le
Temps arrêté d'une rue
A l'heure où
La compagnie des ombres à la
Rencontre qu'elle va à la rencontre
Des yeux dans les rues des
Lunes et leurs slogans les
Rougissantes avenues les bars les gens.

8.
"Mais si tout m'est connu, vivre n'est-il que revoir ?"
(Saint-John Perse, Vents, p.69)

Celui à qui tout est connu est omniscient. Dieu est omniscient. S'il est un Dieu vivant, il ne peut donc que revoir, éternellement revoir. Il doit donc être infiniment fasciné pour ne pas se jeter du haut de l'être dans le néant. Au fond, Dieu est notre plus grand fan.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 juin 2013

 

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