Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
3 juillet 2013

DU RENARD ET DE SES RAISINS

DU RENARD ET ET DE SES RAISINS

"Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
        Des raisins mûrs apparemment
        Et couverts d'une peau vermeille.
Le galant en eût fait volontiers son repas ;
        Mais, comme il n'y pouvait atteindre :
"Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour les goujats."

        Fit-il pas mieux que de se plaindre ?"
(Jean de La Fontaine, "Le renard et les raisins", Fables, Livre troisième)

Certain renard gascon, fier donc et de verbe haut
D'autres disent normand, qui saurait le dire,
Mourant presque de faim, le monde se partageant entre
Mourant de faim et mourant d'ennui, certain renard donc
Vit, car le monde est plein de regards qui vont
Au haut d'une treille par exemple
Au haut d'un arbre à corbeau perché
Au haut d'un long cou emmanché d'un long bec
Au haut d'un chauve une perruque et
Au haut d'une perruque la lune chauve elle aussi
Au haut de ce que vous voulez comme
Au bas de tout ce que le monde peut offrir
Au passant qui marche en regardant ses pieds
Au haut d'une treille en l'occurence, vit
Des raisins mûrs apparemment, cet
Apparemment étant la condition habituelle du réel
Et couverts les raisins
D'une peau vermeille assez pour attirer la patte
Vermeille assez pour attirer la dent
Vermeille assez pour finir dans un estomac
Le galant comprenez ici le coquin le fripon le vaurien
En eût fait volontiers bin tiens
Un repas surtout qu'il crevait de faim
Mais, ce mais complète habituellemment l'apparemment
Comme il n'y pouvait atteindre, - caramba !
"Ils sont trop verts" dit-il en mimant le dégoût
"Trop verts" en voilà une raison "trop
Verts" et pourtant si rouges, "trop verts
Et bon pour des goujats", na !
Fit-il On appelle cela mauvaise foi ce qu'il
Fit là le renard, ou orgueil, si l'on pense que
Pas mieux on ne pouvait dire, à moins
Que de se plaindre, ce qui passe souvent pour minable.

Note : On dira qu'en comparaison de l'admirable vivacité de La Fontaine, j'ai fait plus long, trop long. On aura raison. C'est qu'il s'agit là d'un hommage à l'un des plus clairs et à l'un des plus inventifs de nos auteurs, aussi n'est-ce là qu'une simple fantaisie.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 juillet 2013

 

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité