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BLOG LITTERAIRE
3 juillet 2013

RIEN DE CE QUI EST HUMAIN ETC ETC

RIEN DE CE QUI EST HUMAIN ETC ETC
Citations et bribes de Baudelaire, sur lesquelles je sessionne complaisamment.

1.
"Leurs yeux, d'où"

Leurs yeux, leurs grands
Yeux, des corps y défilent
D'où tombent parfois des têtes tranchées.

Note : Drôle de chose que les yeux. Ils divisent le réel en autant de regards. Ils prouvent qu'il y a des autres, qu'ils sont là les autres, les corps des autres, les corps qui défilent et puis qui tombent, et alors les yeux, les yeux qui s'ouvrent dans la terre, gobent leurs têtes coupées, à ces corps qui marchent, marchent, marchent, n'en finissent plus.

2.
"Je trône dans l'azur"

Je avec ma tronche de sphinx agacé
Trône sur un tas d'énigmes idiotes
Dans un vague coin du monde où
L'azur laisse traîner un bout de bleu.

3.
"Sa raison s'en alla"

Sa comprenette prit vapeur sa
Raison vira fromage blanc
S'en alla sans plus ni clés ni porte s'en
Alla ayant brouillé tous les masques.

4.
Sa raison s'en alla et ne revint jamais que pour signifier son congé.

5.
"Tout le chaos roula dans cette intelligence"
(Baudelaire, Châtiment de l'orgueil)

Tout ça pêle-mêle pêle-mêle pêle-mêle
Le cerveau bouilli hibou idiot
Chaos de coqs à l'âne bouillie de sons
Roula sa toupie pis tout pis tout pis tout tourna drôle
Dans sa cervelle elle en fit tant
Cette toupie, que son
Intelligence tomba en confetti.

6.
"ce soleil de glace"

Ce - voilà déjà que ça siffle, le vent, le vent,
Soleil - et que ça siffle encore, qu'ça tourbillonne
De - là ça ne siffle plus ça mord - partout d'la
Glace - et qu'ça siffle derechef !

7.
Un rien m'encombre et je suis vite décontenancé. L'ombre de mon cheval suffit à m'en faire tomber.

8.
"Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu'elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence."
(Baudelaire, Les Fleurs du mal, pièce XXVII)

"Avec ses vêtements" - elle n'est point à poil donc
"ondoyants et nacrés," - plein les yeux qu'on en prend
"Même quand elle marche" - tap tap tap tap
"on croirait qu'elle danse" - ça doit être un mannequin
"Comme ces longs serpents" - je vois d'ici la longiligne
"que les jongleurs sacrés" - oxymore ! oxymore !
"jongleurs sacrés" - oxymore vous dis-je ! quelle idée
"jongleurs sacrés" de mêler le saltimbanque aux
"sacrés" machins qu'on trouve dans les temples
"Au bout de leurs bâtons" quoi? Les serpents longs qu'ils
"agitent" qui ? Les jongleurs sacrés
"agitent en cadence" - dentales et régularité du rythme !
"agitent en cadence" - retenez bien la leçon !
"agitent en cadence" - c'est admirable !
"agitent en cadence" - à mettre en musique !

9.
La fameuse phrase selon laquelle rien de ce qui est humain ne saurait m'être étranger est bien prétentieuse. Et sotte aussi. Car enfin, c'est bien au contraire parce quetout ce qui est humain nous est humainement étranger que c'est intéressant. Sinon, à quoi bon s'intéresser à ce qui nous serait si familier, si connu et disons-le, si trivial ?

10.
Y a des fois, le train, il a du retard indéterminé, cause "accident de personne" - admirez l'euphémisme - y a des fois où on apprend des trucs et des machins à plus trop traîner en ville, et qu'on se rentre alors, deux trois rhums dans le cornet, puis qu'on se dit.

11.
Des fois j'suis découragé.

Des jours comme ça à être que c'qu'on est des
Fois on se sent tout médiocre pas essentiel
J'suis tout bras tombés alors
Découragé heureusement y a les autres pareils.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 juillet 2013

 

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