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BLOG LITTERAIRE
8 juillet 2013

PLUMETIS GRIVERIES ET GRONGOGOGNES

PLUMETIS GRIVERIES ET GRONGOGOGNES

1.
"L'araignée y fera ses toiles,
Et la vipère ses petits"
(Baudelaire, Sépulture)

L'araignée la vive arpenteuse hop a filé dessous
Y reste sous le meuble loin du talon
Fera sa toile au plafond plus tard quand
Ses gens à la maison feront dodo les
Toiles magnifiques qu'elle fera alors dans les ténèbres
Et le serpent quoi qu'il fait le serpent ?
La froide foudre la
Vipère celle là aussi elle file dessous
Ses bottines à la fille trottinaient très vifs de
Petits chais pas quoi chutaient dans la nuit.

Note : Je me demande si l'araignée tisse la nuit. Si ça se trouve, l'araignée, la nuit, elle dort, et c'est le jour qu'elle les fignole, ses pièges à mouches et ses éléments de gothique décor.

2.
Mon amie Elise me dit :
- Qu'est-ce qu'une harpe ? De la pluie attrapée au lasso.

3.
Elise m'apprend l'existence du mot "plumetis" qui désigne cette neige de petits duvets blanchâtres que le vent échappe aux feuillages. Elle m'apprend aussi que l'on appelle "collants plumetis" ces collants parsemés de petits points blancs ou noirs que l'on voit parfois aux jambes des filles.

4.
"Dans la maison du mort les enfants poursuivaient
jusqu'aux recoins de l'ombre le serpent des sables."
(Garcia Lorca, Monde, in "Odes", traduit par André Belamich)

Dans la maison du mort c'est qu'elle est
La maison du mort encore au mort même si elle est
La maison du mort déjà pleine de vivants
Les enfants du mort ou les enfants de ses enfants
Poursuivaient la foudre
Jusqu'aux recoins jusqu'aux coutures des ombres
Poursuivaient l'éclair poursuivaient l'invisible
Poursuivaient la longue langue
Poursuivaient la tête dressée
Poursuivaient comment étaient-ils ces enfants qui
Poursuivaient comment s'y prenaient-ils
Poursuivaient-ils en faisant du tapage
Poursuivaient-ils le serpent avec des armes blanches
Poursuivaient-ils dans un silence de neige
Poursuivaient-ils le général débarqué
Poursuivaient-ils l'assassin persistant
Poursuivaient-ils l'avant-garde des serpents
Le serpent reparti peut-être retourné dans ses sables.

Note : Ces deux vers de Garcia Lorca traduits en français par André Belamich m'évoquent facilement une maison nombreuse en recoins où un drame vient de se produire, et se caractérisent pour moi par une vision surréaliste à la Luis Bunuel plus que par une volonté de faire symbole. C'est donc surtout par l'atmosphère d'étrangeté condensée que ces deux vers ont retenu mon oeil. On peut y lire cependant une prémonition de la guerre civile.

5.
Deux quatrains en gue

Gant le grumeau groyu gomme un groignu qui gromble
Est un goic trouste et dit de grognes et de gronges
La gueurle du grimoire aigré de griverie
Malgré pas plus de grive - et ni givre et ni rire (1)

En lui scribe agacé (2) du grouillard de son guêtre
En lui le grill du gonce au gruisant grongogogne
En lui les longues langues des gongs - quelle angoisse !
Qu'elle fait grincer grind (3) la gueurle du grimoire.

(1) Surtout pas !
(2) "Ah ! Gâteau ! dit Agatha agacée grimaçante".
(3) A faire grincer, mais point trop, mais tout de même, rapport à ce que je l'ai placé au centre du vers, cet adverbe.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 juillet 2013

 

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