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BLOG LITTERAIRE
12 juillet 2013

MONADE SOUS LA LUNE BLÊME

MONADE SOUS LA LUNE BLÊME

1.
Entendu dans le film Breakfast Club (John Hughes, 1985) :
"Vous savez ce que j'ai fait pour être là aujourd'hui ? J'ai rien fait. Je n'avais rien d'autre de mieux à faire."

2.
"Banalité : dans la sphère où elle se cogne à elle-même, la monade va crevant."
(Ludovic Janvier, Beckett par lui-même, Ecrivains de toujours n°83, p.67)

Va crevant... c'est qu'le temps passe... nous fissure, nous lézarde, nous glisse lentement dans le sac... le mot monade... i fait touche philosophique... i sonne marrant presque ici... la petite boule de conscience toute flottante dans la sphère... toute pédalante dans la choucroute... et pis qui s'cogne... qui rebondit d'angle en angle, d'autre en autre... et qui toute lisse d'abord, se ride, se fripe, se dessèche raisin, s'agonit.

3.
Des fois, je suis pris d'extravagantes lenteurs. On dirait que le temps i court plus vite, ou que moi j'cours en vain après. La tortue m'a pris. Bonaparte s'est barré. Il est loin maintenant. Bonaparte est un toujours loin maintenant. Les bras m'en tombent ; j'ai les idées qui bleuissent, virent cafard mou. Je me décourage ; le réel est trop vif.

4.
"Il continue à retourner dans son esprit
Des labyrinthe, des calembours, des emblèmes."
(Jorge Luis Borges mis en vers français par Ibarra, Balthazar Gracian)

Il s'agite le cogitif de petits riens
Continue à pédaler dans la babiole
A fignoler l'aboli bibelot à
Retourner la rose pour en faire tomber des tigres
Dans sa tête c'est tout miniature jolie
Son esprit c'est d'la verbale enluminure son
Esprit c'est l'almanach des préciosités
Des dédales charmants des 
Labyrinthes à blasons
Des pirouettes des voltiges rimaillantes
Calembours bouts rimés métriques queues d'cerises
Des poésies p'tits fours mignardises des 
Emblèmes des lacs où mire-moire la lune blême.

Note : dans le poème Balthazar Gracian, Borges s'en prend à la poésie qui n'est que trouvailles, que labyrinthes, calembours, emblèmes, de la poésie qui n'est que cuistre voix alors que le réel est plein de "tonnerre" et "d'inexorable Vérité", de la poésie qui n'est que fignole précieux et fort peu de chose en regard de l'antique voix d'Homère, de la voix d'argent et de lune de Virgile, de l'atroce mythe d'Oedipe et de "Jésus qui se meurt sur un morceau de bois." Quoi que j'en pense, rien. Je m'amuse avec les deux vers que j'pique à Borges ; je n'ai pas lu Gracian.

5.
"Vous n'avez pas été touché par le lien secret qui unit Joy Division à Gustav Mahler."
(Dixit Christophe Bourseiller à Michka Assayas, sur France Musique, le jeudi 4 juillet 2013)

Vous, le rock critique émérite
N'avez pas été séduit par le vertige intellectuel
Pas été tenté par l'audace des rapprochements
Pas été touché par le lien - ne dit-on pas qu'on peut être
Touché par un lien surtout s'il est secret
Touché par ce que l'on noue soi-même
Touché par quelque coïncidence que l'on suscite
Qui unit les lancinances de Joy Division
Qui unit les lancinances pas joyeuses de Joy Division
A Gustav Mahler et sa sophistication orchestrale
Gustav Mahler si raffiné et Joy Division si obsédant
Gustav Mahler si précieux et Joy Division si couteau.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 juillet 2013

 

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