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BLOG LITTERAIRE
3 août 2013

BOUTS DE PLUME

BOUTS DE PLUME

1.
"Souvenir de soi..."
(Tristan Corbière, Un jeune qui s'en va)

Qui passe son temps dans le souvenir de soi, sinon celui qui, sous son linceul, passe les murs, les portes et les fenêtres.

2.
"J'ai laissé tous les Dieux"
(Tristan Corbière, Laisser-courre)

J'ai eu tort. Voilà qu'ils complotent, même que ça fait des éclairs un peu partout, dans certains yeux.

3.
"Fiers d'avoir dans vos mains un bout de plume d'oie"
(Corbière, Décourageux)

Oyez, oyez le crissement de la plume d'oie entre les doigts du scribe. C'est un crissement du jadis que nous n'oirons jamais plus sans doute. Ou pour l'exemple.

4.
"Pour tes deux petites bottes
            "Que tu crottes,
"Prends mon coeur et le trottoir !"
(Corbière, Après la pluie)

Voilà qu'ça trottine dans ces bouts de vers-là ! Et pis ça zeugme !

Rappel : le zeugme est une figure de style qui consiste à atteler (d'où son synonyme "attelage") à un même nom ou à un même verbe deux substantifs compléments de nature sémantique différente (en général, un terme abstrait et un terme concret) : "Prends mon coeur et le trottoir".

5.
Dans le poème Nature morte, de Tristan Corbière, du coup qu'il y a "des coucous", ça coucoute, "à ténèbre" même, funèbre, Angelus, que ça se passe chez un "vieux", qu'il a une pendule, le vieux, que le texte emploie l'expression "pendule du vieux", et qu'on comprend après qu'il y a la mort là-dedans.
Du chat-huant aussi, que je me dis est-ce que le nom de l'oiseau a quelque rapport avec le mot "chahut" et le verbe "chahuter". Enfants, entendez-vous chahuter les chats-huants dans la nuit ? Dans le tercet, il est "dans sa carcasse", le bestiau, comme un chevalier dans son armure, même qu'il a d'la chandelle dans les yeux.
En tout cas, il ne s'agit pas ici d'écouter le chahut du chat-huant, mais "se taire la chouette", qu'elle se tait, la chouette, à cause d'un "cri de bois", car quand crie le bois c'est que passe la karriguel an ankou,et est-ce une brouette qu'elle trimballe la mort (cf Tristan Corbière, Les Amours jaunes, Classiques de poche n°16083, p.170, note 6) ou une charrette, comme je le pense d'habitude ? En tout cas, ça grince c't'engin, c'est sûr et certain ; et que si c'est une "brouette" qu'elle charrie "le long du chemin", la camarde, c'est peut-être pour que ça rime avec "chouette".
Enfin, la corneille est joyeuse, joyce la piaffe. C'est que chat-huant, chouette, corneille, c'est tout mauvais augure, ces oiseaux-là, et que si elle fait si joyeusement le tour du toit, la corneille, c'est sans doute qu'il y a cadavre en la maison du vieux, alors qu'en réalité, elle s'en tamponne le coquetier, la corneille, avec une patte de coquecigrue (je sais pas à quoi ça ressemble, une patte de coquecigrue, j'écris ça pour l'écho "co" coquetier, corneille, coquecigrue).

6.
"L'écho dit pour deux sous : Le Fils de Lamartine !
Si Lamartine eût pu jamais avoir un Fils !
"

(Corbière, Le fils de Lamartine et de Graziella)

L'écho dit, l'écho dit

... il en dit tant, l'écho, que si on l'écoute, on n'en finit pas d'en entendre.

7.
"SOMMEIL ! - Loup-Garou gris !"
(Corbière, Litanie du sommeil)

Le loup-garou gris, celui qui se gave, s'engouffre, se goinfre goulafre et se régale des gras autant que des gringalets, des grosses autant que des maigrelettes, le loup-garou gris,  c'est le cauchemar d'Agatha, que c'en est grave, tellement c'est son cauchemar, à Agatha, qu'on se demande d'où ça lui vient ça.

8.
Le poème A la douce amie commence par une vacherie, qu'il dit qu'il va badiner, et donc prendre un ton léger, car il a sa "cravache", vu qu'une badine, ça sert aussi à frapper, et qu'il la prend pour une jument, sa "douce amie" : "Prends ce mors, bijou d'acier gris". C'est-y pas SM, ça, - même qu'il fait ce constat :
"- Tiens, ta dent joueuse le mâche...
En serrant un peu : tu souris..."
Le reste est à l'avenant, y a du "Han !..." et du "Vlan !...", et du chatouillis de l'éperon, que ça lui plait, au narrateur "Amour-cavalier" qu'il en a la Folle-du-Logis qui trotte (comprenez qu'il a l'imagination qui fantasme à tout crin) et qu'il "aime voir son beau corps ployer !..." et qu'il lui promet demain un collier, et qu'il lui joue de l'étrivière, de la courroie donc qui relie l'étrier à la selle, et tout ça pourquoi ? Parce qu'elle l'a aimé, et que donc elle ne l'aime plus faut croire, alors il lui fait le dada fatal, il la fourre dans un poème chevalin, il la liquide équide, il la rosse féroce sa rosse, sa douce amie... il lui en veut, c'est sûr.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 août 2013

 

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