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BLOG LITTERAIRE
6 août 2013

NON-SENS ET PHILOSOPHIE POLITIQUE

NON-SENS ET PHILOSOPHIE POLITIQUE

En lisant quelques pages de La Dent creuse, de Pétillon et en écoutant philosopher la radio.

"Et si j'ai la clef, je pourrai savoir de quelle énigme il s'agit."
(Pétillon, "La Dent creuse", Edition de poche J'ai Lu BD, 1988, p.17 [Jack palmer])

1.
"Surmené ! Je vais épouser un type surmené !" s'écrie la ravissante de la page 10. Certes, en général, c'est après, par la suite, plus tard quand même, qu'ils sont surmenés, les types qu'on épouse.

2.
Evidemment, un passage secret, s'il n'est plus secret, il devient public. C'est embêtant car si, certes, on avait fort peu de chances de rencontrer celle que l'on aimerait rencontrer, par hasard, dans la rue, on risque tout de même de tomber sur Dugland-Duglond, ses soucis et/ou son envahissante sympathie.

3.
J'ai longtemps cru que la littérature, la grande littérature, la littérature dont on cause sérieusement, la littérature à thèses et colloques, recelait des énigmes dont les clés se trouvaient dans le jeu complexe des signifiés. Avec le temps, je le vois bien qu'il n'y a que couic de caché dans les mots, que ce ne sont que faits de langue, performances linguistiques, modes et travaux, virtuosités, saltimbanqueries, tours de force, jeux jolis, grognes gouleyantes, crapuleries rêveuses, séductrices élégances, trousseau de clés pour des énigmes de papier d'bonbon.

4.
Cette prison est une passoire ; même les barreaux s'en évadent.

5.
Je découvre dans La Dent creuse, qui n'est pas une dent, mais un album de bande dessinée, du pétillant Pétillon (celle-là, je suis sûr qu'on ne l'a jamais faite) que jadis, on employait des chanteuses wagnériennes pour garder les villas délaissées par leurs propriétaires. Et bien, c'était très bien de trouver une utilité sociale à des gens qui, quoique différents, n'en sont pas moins aussi aptes à vous les casser que les autres.

6.
La philosophie, un théâtre où l'on donne des rôles de bouffons à des consciences singulièrement aigues.

7.
Ce que l'on appelle "lutte des classes" n'est jamais que la récupération par le philosophico-politique de l'aspiration des individus au vivre mieux. Et, comme on l'a vu en Union soviétique, et dans les fameux "paradis socialistes" de sinistre mémoire, cette imposture de la lutte des classes a effectivement permis à une idéologie - l'idéologie communiste - de confisquer le pouvoir.

8.
Il est facile d'affirmer que le camp de concentration est l'expression la plus crue du capitalisme. C'est oublier que le nazisme fut d'abord un mouvement anticapitaliste autant qu'anticommuniste ; c'est ne pas tenir compte non plus du pragmatisme libéral qui permet à l'Etat d'adapter la puissance de son interventionnisme aux nécessités économiques ; c'est, en fin de compte, rêver l'humain, et il est que l'humanité est tout, sauf un rêve dont le philosophe pourrait sortir aussi facilement que l'on sort d'une mauvaise nuit.

9.
L'exemple de la Chine prouve que le libéralisme, dès qu'on laisse les gens entreprendre librement, peut s'adapter à bien des contraintes politiques. L'avenir nous dira qui, de l'omniprésent parti communiste chinois, et de ses abus de pouvoir, ou  du libéralisme économique, et de son nécessaire jeu démocratique, pésera le plus sur l'avenir de la seconde puissance mondiale.

10.
On me dira - il ne manque pas de professeurs de philosophie assez sots pour cela - que le jeu démocratique dont je parle avec bienveillance n'est souvent qu'une apparence de démocratie, qu'une mise en oeuvre de l'aliénation, qu'une exaltation de l'illusion de la liberté. Effectivement, le spectacle réitéré des politiques maniant angélisme, carotte, bâton, langue de bois, promesses intenables, pieux mensonges, sans parler de la puissance occulte des mafias, réseaux, lobbys et autres "milieux", semble donner raison aux rêveurs de "liberté réelle", aux scribes consciencieux (et, certes, ils en savent des choses) d'un authentique autant qu'hypothétique contrat social légitime. Mais qui peut interdire aux citoyens de choisir leur poison, d'autant qu'en l'occurrence, le remède philosophico-politique me paraît bien pire que le mal qu'il prétend guérir. Les politiques sont des menteurs, ils le savent et nous le savons. L'essentiel est qu'ils ne nous interdisent pas de le dire.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 août 2013     

 

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