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BLOG LITTERAIRE
31 octobre 2013

D'ABORD IL S'EXCLAMA

D'ABORD IL S'EXCLAMA
(Fantaisie sur le poème O Saisons, ô Châteaux, d'Arthur Rimbaud)

D'abord il s'exclama
O saisons, ô châteaux !
Il en est de plus triviales comme
"Ciel Mon mari" ! Ou "Encore !"

C'est aussi qu'il n'y a pas d'âme sans
Défauts
et pas de poisson qui à l'hameçon

Ne finisse par mordre Après, les hameçons
On peut toujours tenter de les conjurer

On peut toujours tenter de les conjurer
Par quelque magique étude
Mais le Bonheur favorise l'heureux
Ou l'élit le sanctifie le sacrifie

Le ciel fume des Celtiques
On n'en trouve plus de ce poison-là
Que Léo Ferré laissait sur la table
Avant d'aller machiner en Enfer

Il n'y a pas de fumée sans ciel
Pour monter dedans pas de
Celtiques sans bouche et
Pas de bouche pour les tout ça pour dire

Tout ça pour dire qu'un coq chante
Vous ne voyez pas le rapport moi non plus
Même qu'il est gaulois ce coq
Eh ! C'est qu'on ne se prend plus pour des aigles

Les aigles nos regards les ont foudroyés
Ils sont tombés dans la mer on les a repêchés
On les a mis dans des musées
On leur a fait dire n'importe quoi

C'est que la légende c'est bien vendeur
Napoléon Bonaparte c'est d'la tête de gondole
De la camelote en or ça Napoléon le débit
Qu'ça a les belles batailles reconstituées

Et les Amours recomposées
Et les soldats de plomb et les sabres au clair
Et "La Garde meurt mais ne se rend pas"
Et la force de caractère et comment qu'il mourut

Après on peut toujours crier "Vive L'Empereur !"
Il y en a de plus triviales
Nos institutions en sont pleines
Comme je ne vous aime pas, ô candidats !

Comme je ne vous aime pas, ô candidats !
Mais, bien sûr, vous êtes bien utiles
Comme la machine à coudre, la table de
Dissection et le parapluie

C'est à vous dégoûter, tous ces candidats-là
Qui se pressent au portillon des fonctions
A en dire Pouah ! Mais ! je n'aurai plus d'envie
Le dégoût s'est chargé de ma vie

Le dégoût ou Dieu ce qui est une manière
Aussi de se dégoûter des humains
Et d'aller chercher ailleurs
Ce que l'on n'aura pas non plus

C'est qu'on en voudrait bien de Ce charme !
Ce charme ! qu'il a, bien sûr ! Qui donc ?
Je n'en ai pas la moindre idée
Mais n'est-ce pas quand on a fait la magique étude

C'est pour en bénéficier de Ce charme !
Pour l'incarner et ainsi disperser tous efforts
Mômerie ! Mômerie ! C'est pas si sorcier

De comprendre qu'il n'y a rien de sorcier

Il n'y a que la parole qui va où elle veut,
Qui fuit, qui vole et qui chante un autre air
Vous dites ceci nous comprenons cela
Et nous tombons tout de même d'accord

Ou pas sur un point que nous croyons
Acquis tandis qu'elle dit la chanson
Que passent les saisons
Que s'effritent les châteaux

Et si nous sommes entraînés au malheur
C'est que nous sommes voués à la disgrâce
Nous n'avons inventé Dieu que pour le nier

C'est une manière de conjurer la disgrâce

C'est une manière de conjurer la disgrâce
Qui est aussi certaine que personne, personne
Dans le désert je crois bien qu'au bout du
Chemin dans ses écoles buissonnières

Il a dû voir s'agiter une ombre sans personne
Et qu'il la poursuivit longtemps qui lui
Tournait son dos invisible et lui faisait
La tête sans nuance du masque sans visage

Fatalisons  ! Fatalisons ! C'est le dédain, las !
Forcez le réel à vous regarder il vous crève les yeux
Vous livre au plus prompt trépas
Cependant que la chanson s'obstine

Toute seule dans l'air à chanter sa ritournelle
- O Saisons, ô Châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 octobre 2013

 

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