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BLOG LITTERAIRE
2 novembre 2013

C'EST SUR LE CHEMIN DU FAIRE QU'ON EST EN TRAIN

C'EST SUR LE CHEMIN DU FAIRE QU'ON EST EN TRAIN

1.
Je m'amuse d'un rien. - C'est déjà quelque chose.

2.
Le mur de la rue Amiral Yukulélé s'est effondré. Hier soir, vers 18 heures - heure de pointe des talons-aiguilles -, le mur de la rue Amiral Yukulélé, cédant une fois de plus à son penchant pour les bas de soie, s'est effondré. Aucune victime n'est à déplorer, - à peine quelques bas filés.

3.
A la pêche à la cuirasse, il arrive qu'on prenne du chevalier avec son cheval. Par contre de la sirène, jamais ; elles ont les dents si pointues et la taille si souple, qu'elles vous cassent le fil d'un seul coup de dent.

4.
En examinant attentivement la terre, vous remarquerez qu'elle bouge tout le temps ; c'est qu'elle agitée aussi car, dès qu'on la regarde, elle ne sait plus où se mettre, la terre. Dès qu'on a fini de la regarder, on dit qu'elle a été "fraîchement remuée". Parfois, c'est signe de cadavre.

5.
Un passage que j'aime bien dans Le Parfum de la Dame en noir, de Gaston Leroux : Sainclair, cogitant, cause :
"(car enfin tant pis si je me vante, mais je suis persuadé que tout le monde ne pourrait à son gré comprendre le parfum de la dame en noir, et il fallait certainement pour cela être très intelligent, et il est probable que, ce soir-là, je l'étais plus que les autres soirs, bien que, ce soir-là, je ne dusse rien comprendre de ce qui se passait autour de moi)."
(Gaston Leroux, Le Parfum de la Dame en noir, Le Livre de Poche policier n°587, p.236)

Cette manière de tant dire pour dire qu'on n'a rien pigé est admirable. Elle me fait penser à ces experts qui font assaut d'intelligence pour expliquer des crises qu'ils n'ont pas vu venir, des événements qu'ils n'avaient pas prévus et la complexité de situations auxquelles ils n'avaient longtemps rien compris.

6.
Comme il manquait de souffle, le Tempestaire décida d'aller se faire souffler dans les bronches par l'enguirlandeur de service de la rue Orlando de Rudder.

7.
Il arrive, quand on s'accroche à un bras, que celui-ci se détache. Inutile de vous affoler. Tendez simplement le membre détaché à son propriétaire en vous excusant (vous ne connaissez pas votre force, c'est tout). Par contre, si le propriétaire du bras n'est plus à votre côté, retournez-vous, il est probable que vous trouviez son corps agonisant sur la chaussée. S'il a complétement disparu, c'est évidemment une autre affaire. C'est qu'il aura été emporté par un véhicule agricole, un camion, une bourrasque, une lame de fond de l'air est frais, une soucoupe volante, la main invisible du marché de la place Capitaine Coin-Coin, ou même Superwoman. Vous voilà donc avec un bras dont vous ne savez que faire. Et moi non plus. Débrouillez-vous. C'est vrai ça, à la fin.

8.
Si vous ne l'avez pas revu depuis de nombreuses années, il ne vous reconnaîtra pas. Et vous non plus, vous ne le reconnaîtrez pas. Vous vous croiserez sans même vous regarder, et vous rentrerez chez vous en vous demandant ce qu'il a bien pu devenir et pourquoi vous vous demandez ce qu'il a bien pu devenir, alors que vous n'y pensez jamais à Machin, là (comment s'appelait-il déjà) que vous tuâtes en duel ?

9.
Si sur votre tête, il ne dort pas, faites attention, il pourrait mordre quelqu'un.

10.
Un brave type, c'est quelqu'un qui a l'art de se plier en quatre tout en arrondissant les angles.

11.
Picasso a secoué le taureau jusqu'à l'os, jusqu'à la ligne. Il a ainsi, à son corps défendant, ouvert la porte aux charlatans du conceptuel, à l'art sans artistes, à la fausse monnaie des collections d'art contemporain.

12.
L'expression "à son corps défendant" jette une silhouette devant une porte qu'on a soi-même ouverte à tout vent.

13.
Comme j'avais du temps à perdre, je me fis un puzzle, - je n'ai pas retrouvé ma tête !

14.
Comme il se dirigeait vers la porte, celle-ci prit la poudre d'escampette, et il passa à travers le mur. Nous avons ri.

15.
Tandis qu'il mesurait les crânes de nos ancêtres, il ne prit pas garde au grand squelette derrière lui, et le grand squelette derrière lui allait lui assener un grand coup de fatal tibia, lorsque, n'écoutant que France Inter, France Musique et France Culture, Johnny Bigoudi sauta sur le spectre, et s'en fit un sac d'os pour son chien, et un sac d'osselets pour son neveu.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 novembre 2013

 

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Commentaires
P
Merci
R
Epatant!
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