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BLOG LITTERAIRE
1 décembre 2013

PAS UN MOT DANS NI MÊME

PAS UN MOT DANS NI MÊME
14 brefs en lisant Henri Michaux

1.
Dans "La nuit remue" de Michaux, ça frissonne grandement, heureusement, avec une intensité de "Parfois, tout d'un coup."

2.
Dans "La nuit remue", le narrateur déconseille l'auto-pliage ("une folie"). C'est qu'une fois plié, la moindre boîte aux lettres pourrait vous avaler.

3.
Pas une plante, mais une bête, une bête faite de toutes sortes de plantes, une bête d'eau qui dort, et qui fait le siège de ma maison.

4.
De "Mes Propriétés", je vois monter tant, tant de mystères que je ne m'étonnerais pas de le voir prendre écaille, ouvrir des yeux furieux et cracher des flammes.

5.
Dans "Mes Propriétés", le souffle du gong qui "bichute" avec des "plates" et "basses" qu'on dirait une neige de cafards dans une nuit blanche comme la patte.

6.
Dans "La nuit remue", la perspective des jambes longues, longues, longues; elles eussent fait une danseuse de la donzelle réflétée dans une goutte.

7.
Dans "Amours", celle qu'on ne sait où et qui vous fuit, quand vous tentez, avec vos syllabes, se glissant, anguille du marais des phrases, pour devenir chat.

8.
J'ai tant rêvé d'être écrivain que bientôt je ne pourrai plus signer sans pleurer.

9.
Dans "Mes Propriétés", l'espace vous sème, fait tache de vous, cible flottante que vise la foudre lente des arbres.

10.
Dans "Nous Autres", quidam collecte de "l'os", de la "dent", de la "corne". Encore est-ce dans le désert; autant chercher son oeil dans une nuit close.

11.
Dans Michaux, "Une vie de chien", qui flaire l'improbable le long des murs et de leurs ombres tenaces.

12.
Dans Michaux, "Une vie de chien", le "très tôt" et le "fourbu". Ce qui s'use à ses seuls nerfs.

13.
Dans Michaux, "Une vie de chien", quidam attrape des mots pour en faire les clés de ses portes aléatoires.

14.
Dans Michaux, "Une vie de chien", ces phrases que j'aurais aimé avoir composées :

"Quant aux livres, ils me harassent par-dessus tout. Je ne laisse pas un mot dans son sens ni même dans sa forme.
 Je l'attrape, et, après quelques efforts, je le déracine et le détourne définitivement du troupeau de l'auteur."

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er décembre 2013

 

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