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BLOG LITTERAIRE
10 novembre 2014

JE N'OSE INTERROGER MES PIEDS

JE N'OSE INTERROGER MES PIEDS

1.
"(quel spectacle s'offrirait à eux s'ils pouvaient regarder au fond d'eux-mêmes !)"
(Nietzsche, Le Gai Savoir, 284)

que sans doute leurs yeux leur en tomberaient dans leur dedans.

2.
Trouvé dans une traduction du fragment 284 du "Gai Savoir" de Nietzsche l'expression "aveuglement utile". Verrions-nous toute la vérité, que nous la trouverions bien trop obscène pour notre humanisme si réfléchi.

3.
La vérité est prise de convulsions cependant que des balles en rafales lui trouent le corps.

4.
Hélas, la vérité n'est pas une beauté toute nue qui se dévoilerait à votre regard avant de vous sauter aux yeux, au cou et au reste.

5.
"Are become unsubstantial, reduced by a wind"
(T.S. Eliot, "Marina")

6.
Ce qui n'existe pas finit toujours par renvoyer ce qui existe à ce qui n'existe plus.

7.
J'aime bien ce "and the woodfog song" que je trouve dans le "Marina" de T.S. Eliot. Que la brume puisse échapper des chansons, voilà ce qu'a souvent prouvé la musique.

8.
Les chansons passent parfois par la brume. Exactes comme l'aiguille, elles progressent l'oeil clair et la gorge vive.

9.
"The Brain is just the weight of God -"
(Emily Dickinson)

"Le Cerveau a le poids exact de Dieu -"
(Trad : Claire Malroux)

10.
Il existe un lien entre le cerveau et Dieu : tous deux créent et rêvent de l'humain.

11.
"Les nations n'ont de grands hommes que malgré elles."
(Baudelaire, "Mon coeur mis à nu")

12.
Il y a du christique dans l'opposition entre les nations et leurs grands hommes : des fois, on crucifie; des fois, on porte aux nues.

13.
"The depth is all my thought -
I dare not ask my feet"
(Emily Dickinson)

"La profondeur me hante -
Je n'ose interroger mes pieds "
(Traduction : Claire Malroux)

14.
J'aime bien l'idée que "hanté par la profondeur" de l'être qui gigote dans l'être, on finit par se méfier de l'étant le plus assurément étant.

15.
"He who was living is now dead
We who were living are now dying
With a little patience"
(T.S. Eliot, "What the thunder said")

16.
L'opposition entre les vivants et les morts sert avant tout à pointer ce noeud de patience qu'est le temps.

17.
Les maisons traînent dans la brume des fenêtres aux visages blafards.

18.
Si vous laissez vos maisons traîner dans la brume, ne vous étonnez pas ensuite de l'air hagard de leurs habitants.

19.
A force de gaver le réel de théologie, le ciel finit par rendre dieu pour dieu et dent pour dent.

20.
Le ciel vomit ses dieux.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 novembre 2014.

 

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